lundi 10 mars 2025

Les bouts du monde

  Depuis mes 17 ans, je pensais être habité par un grand vent romantique qui m'accompagnait partout comme une sorte d'effluve qu'on respire naturellement.

Les bouts du monde,
Dans les endroits calmes, quand le sillage navigue sur une ligne d'horizon.
Un matelot qui attend,  qu’on lui jette une fleur par-dessus-bord.
Comme cette charmante sirène clapotant sur les flots grinçants.
Sculptée à la proue. D’une blonde peignée, en équilibre avec le ciel. Regarde de ces yeux moqueurs. Les conquérants emportant l'incroyable litanie des voyageurs.
Fascination étrange qui échevelle dans les nuages les voiles d’évasion.
Claque le vent, sur fond d'azur, les pensées amoureuses franchissant la couleur du cap de Bonne Espérance sous le déluge d'histoires de cap engloutis, de havres battus et de récifs semés d'embûches.
Plutôt un océan qu'on dénude, la perle rare, au risque de la perdre.
Rejetant par saccade, le catogan des vagues éphémères que le vent ébroue.
J'avoue, le fracas des brisants n’avait point soufflé par-dessus les dunes. Et, malgré les coups de mer, les cheveux ébouriffés tel un aventurier au visage mouillé dans le vacarme assourdissant.
Mon cœur resterait intact dans les déferlantes de mon imagination.
Le chant des sirènes n'allait pas tarder.


Quelques années plus tard, 
Dans une salle d'attente médicale, le jour, où je suis tombé sur ce fichu article de morphopsychologie.
Mon rêve s'est effondré comme un jeu de paume.
Parfumé, d’une légère odeur d'eucalyptus, je feuilletais quelques pages d'un magazine dans le confortable fauteuil rotin. Là, j'me suis attardé sur un passage des signes de la main.
Etes-vous pouce gauche ou droit?
J'ai fait le test.
J'men souviens encore...J'ai croisé mes mains, décroisé et recroisé celles-ci.
En observant bien la position des mains. Constatant que le pouce droit se superpose sur le gauche comme sur la photo.
Histoire de voir si ce n'était pas un coup du destin, j'ai fait le sens inverse.
(Nul doute, j'étais mal à l'aise. Un truc contre nature)
J'ai recroisé mes mains retrouvant ainsi ma position naturelle, comme un enfant qui s'amuse.
Moi qui pensait être de dernier des mohicans, le style de mec qui ne communique que par signaux de fumées. Perdu dans les fjords les plus isolés à la recherche d’une indienne sans ombre. Mordu par le clapotis et poussé sans cesse par les alluvions et les sédiments du rêve.
Je suis tombé des nues en lisant l’article.

Vous avez une prédominance pour la raison, prenant peu de risque en amour.
Dans un choix crucial, la raison l'emporte toujours sur les sentiments.

dimanche 23 février 2025

Le Homard bleu






Le cadre du restaurant me plaisait, les tons feutrés aux couleurs bleutées de la mer me transportaient dans la douceur marine des beaux jours.

Je redécouvrais la sensation de confort, les tables rondes espacées, le service hôtelier à la française.

A l'approche de mes 30 ans, je sentais peu à peu ma vie affective se stabiliser.

Sur le trajet, à travers le verre securit, les images de bien être m'envahissaient.

Même si pendant la balade après le dîner les cœurs n'avaient pas tangué sous un soleil complice qui s'effondre au bout de la jetée.

Abandonnés comme les amoureux qui attendent que les Hurlevent les emportent sur une mer déchainée. 

Je ne brusquais pas les choses,

Elle n'était du genre à regarder le monde tourner comme un cerf volant.

Je savais qu'en haut de la falaise le rouge lui monterait au front. Le fracas des brisants déposerait sur le contour nos lèvres, un air iodé.

Sur la baie figée, elle revendiquerait son instinct.

dimanche 9 février 2025

Ma plus belle nuit d'amour




C'était les bords de Seine,

J'm'en souviens très bien.
J'étais parti de bon matin, un dimanche d'avril.
Son visage m'avait d'emblée séduit quand je l'avais rencontré lors d'un stage d'hôtellerie.
Après Pontoise, La campagne était verdoyante,
D'admirer ces beaux villages en pierres, en suivant,
La route sinueuse à travers la campagne vallonnée où
des shetland paisibles, attendrissants, égayaient mon cœur dans la prairie.
Je me souviens encore de sa posture en cueillant l'herbe, Ambre figée.
Cette vision naturelle comme l'impression de voir une femme d'une autre époque.
Whoua ! Quelle idée géniale, 
J'avais choisi en décor de fond le château de la Roche Guyon et le guide du routard me porterait chance pour l'escapade amoureuse.
Depuis ma chambre d'habitant, la veille, je pouvais suivre de long en large le panorama de la route des crêtes. 
De mon lit, je voyais déjà la Seine.
Éclairé avec soin, le voyage initiatique du chevalier comme un avant-goût.
Comment suivre les marches du château à travers la roche calcaire pour accéder enfin au donjon? Endroit panoramique sur les méandres du fleuve à 360° pour commémorer la romance.
Une journée inoubliable où je jubilais ma perspective amoureuse sur les bords de Seine illuminés.
Quand la soirée serait fraîche après les agapes, il suffirait de coller mon corps contre sa poitrine.
La lune ronde éblouissant mes pensées divinatoires.
Telle une dernière nuit en tête à tête.
Ne la quittant plus des yeux dont l'atmosphère de ma chambre m'enveloppait avec l'impression d'être pour la première fois le gardien de ses rêves.
Si le bonheur ou les choses mystérieuses s'ouvrent comme une histoire en mouvement. D'instinct, je ressentais cette sensation étrange.
Le lendemain, je découvrais la route des crêtes.
et le beau village de la Roche Guyon.
Qu'il était imposant ce château adossé à la roche crayeuse,
Les parquets, les toiles murales en tissu,
Ces tableaux qui illustraient les visages de la famille de La Rochefoucauld dont je ne savais la particularité tout en faisant mine de m'intéresser.
Ce silence des pas sur le parquet, cette odeur de cire ancienne. Ces grandes fenêtres.
Malicieusement, j'attendais l'accès des marches pour franchir tous les paliers d'ascension.
Du haut du donjon, je dominais la Seine avec la Dame de Monsoreau. 
Moment délicieux pour savourer quelques heures intenses avant que mes mains effleurent ces hanches fines pour remonter doucement sur son territoire où je déposerai les fleurs de lys sur le blason de son cœur en bon seigneur.
" Quand une femme vous regarde droit dans les yeux ! Il faut rester concentré sur les choses à venir."
Et le menu, je l'avais étudié,
Martini rosso dans les verres long drink pour frapper la notion de désir dans le cadre sympathique du restaurant ;
Fasciné par sa voix douce, je ne réalisais pas,
Et oui, avec les femmes, il faut être ni en retard ni trop en avance.
Mais l'heure avait sonné.
Hélas vite apostrophé par le maître d'hôtel qui m'avait réveillé pour énoncer le
- Foie gras et ces toasts, fleur de sel de Guérande accompagné de sa petite sauce verte melon pour madame.
- A suivre, une sole meunière avec les petits légumes vapeur.
Et face à lui, encore perdu dans les nuages.
Indécis,
- J'avais choisi des moules marinières
- Un filet de bœuf, frites maison.
Comme l'impression de ne pas avoir fait le bon choix où les mets de poissons étaient pourtant réputés nobles.
La sentence n'allait pas tarder, le seul au milieu du restaurant avec la grosse marmite noire posée sur la table. Sentant le regard des autres clients se posaient sur moi. Peut être, j'avais fait une bêtise?
De plus, c'était des grosses moules et je voyais Ambre se délectait de son foie gras avec la pointe de son couteau nappant quelques cristaux fleur de sel sur le toast.
Pendant que je me bagarrais à la cuiller pour chercher des lamelles d'oignon au fond de la marmite.
De plus, ça commençait à me gargouiller,
J' me disais :
Qu'est-ce qui m'était passé par la tête?
Heureusement, le Pouilly fumé était frais, minéral comme je l'aimais pour citronner mes lèvres.
Je sentais la seigneuresse être entre bonnes mains.
J'entamais donc mon chemin de ronde par regard successif, touche subtil de silence pour luminer mon blason de séducteur.
Suivait la belle sole appétissante dans son beurre noisette persillé destinée à ma dulcinée.
D'un geste délicat, la voyant décoller méticuleusement la ligne osseuse du poisson avec le dos de la fourchette en même temps que je mastiquais un morceau de viande dont je n'arrivais pas à déglutir.
Mon visage blême, hochant la tête constamment sans prononcer un mot avant de saisir discrètement la serviette blanche en tissus pour dissimuler cette boule de viande qui me dégoûtait.
De plus, mes mains sentaient l'odeur des moules. Et par-dessus le marché j'ouvrais le sachet rince doigts qui puait le liquide vaisselle.
Je n'étais pas à l'aise. J'avais des nausées.
Je perdais peu à peu la trame chevaleresque
Sans doute devait elle se dire ce mec est bizarre?
Bien silencieux, maladroit, peut être timide?
J'attendais impatiemment le dessert.
- Le café gourmand arrivait pour Ambre.
Je revois encore ces petites mains piocher délicatement les mignardises. 
Geste gracieux qui éveillait ma jouvence.
Avant de prendre le frais, j'avais choisi la sonate de printemps. Histoire de mettre ma bouche en préparation exquise. Enfin les sorbets aux fruits arrivaient à point pour m'enlever ce goût d'oignon.
Le temps de régler l'addition au bar, ma main posée sur mon ventre,
J'étais monté vite illico pour prendre les premières toilettes. Un mal à me tordre où je voyais le papier de toilette diminuer à peau de chagrin.
Et le temps me semblait long.
Enfin soulagé, je sortais, l'air penaud.
Ne la voyant plus dans le vestibule du restaurant.
Sur le parking. Collée à la voiture,
Elle m'attendait tristement.
Pas de doute, je lui avais fait de l'effet...

lundi 27 janvier 2025

Tout s'arrange à la fin

 




Après avoir quitté le pont de Sèvres, je me dirige en direction de Vélizy.

Juste avant d'arriver au rond point de Chartres, c'est ici que j'hésite toujours entre l'autoroute et la nationale.

Finalement, je bifurque à gauche en me garant devant le jardiland du coin pour ne pas me planter avec les dates de Toussaint.

Si nous étions en mai, je n'achèterais pas de bruyère mais quelques pensées.  Ces fleurs moins costaudes, me semblent fragiles au vent, éphémères comme le coquelicot. Voilà ce que je me raconte.

J'aime parcourir la province calme avec ses villages typiques en suivant le cours du Loir. Même si je n'ai jamais visité le manoir de la Possonnière, j'imagine toujours que le courant colporte les sentiments amoureux au pays de Ronsard.

Un jour, j'y suis passé, les grilles étaient fermées, c'est une belle demeure exposée dans un écrin de verdure tout proche de Couture sur Loir.

Bien que je connaisse l'itinéraire par cœur,  j'ai l'impression que le parfum de la rose ne s'est pas évanouie. Je pense souvent à ma destinée amoureuse.

Bon ! C'est vrai, parfois ma vie affective me met souvent au creux de la vague.

Dans ces moments là, j'aime le silence radio, je dirai plutôt prendre un peu de recul parce que dans la psychologie, il faut être habile pour reconquérir une femme qu'on aime par dessus tout. Habile ne veut pas dire meilleur ou machiavélique. Tout simplement habile quand on possède une nature angoissée.

 Eh oui, les relations affectives ne sont pas souvent, celles, comme qu'on aimerait suivre. Je ne sais pas pourquoi, en ce moment, j'ai tendance à voguer sur une mer mouvante avec pleins de remous.

Et quand on aime une femme, on souhaite une relation saine, apaisée, comme un chaland qui glisse, petit clapotis, Libellule pour la tourbe légère, bleu pour le ciel à contre courant mais dans la vie ça ne se passe pas toujours ainsi.

 II y a des femmes, peut-être ont elles eues le cœur ravagé. Ont elles traversées le cap de bonne espérance? Subies des tempêtes à cause de corsaires vite dépassés, qui dès le moindre écueil, abandonnaient le navire?

Je les connais ces flibustiers, la fleur aux dents, canon à l'abordage, l'esprit empyreumatique où fume le regard ténébreux pour mieux cacher une lame pendant le voyage, lacérant peu à peu, les voiles de l'évasion.

En effet, pour suivre une boucanière, sculptée à la proue, il faut être un matelot bien accroché pour s'affranchir des coups de rouleaux.

Comme un marin pris dans le vacarme assourdissant de l'océan, visage mouillé dans le déluge, tenant la barre du gouvernail malgré les déferlantes. 

Puis au petit matin, le calme, tu te relèves, rien ne bouge, Tu défies l'horizon.

En amour tout dépend de manière casuistique comment on voit les choses.

Qu'est ce qu'on peut faire par amour?

La conscience des choses, dans le domaine affectif, c'est toujours d'être sincère dans la relation même si le retour d'une femme n'est jamais gagnée. Il faut accepter toutes les possibilités.

C'est vrai rien n'est fini, c'est jamais fini.

Et comme dit la chanson tout s'arrange à la fin,

 j'aime conduire en écoutant les paroles qui réchauffent le coeur.


vendredi 24 janvier 2025

Ce héros



Je m’étais confortablement installé comme les spectateurs dans le fauteuil.

Emporté dans le style des années 30 par ces belles femmes longilignes.
Cambrées dans leurs robes courtes.
Volutes de fumée où le porte cigarette porté à la bouche reste sensuel jusqu'au bout des doigts. La coupe garçonne dont le collier de perles fait briller la luisance de la peau.
N'attendant plus que dans la prunelle, l'instant tango qui les enflammerait dans le cabaret enfumé de Buenos Aires.
L'aviateur n'allait pas tarder à décoller....
Ce zinc qui allait s’échouer dans la Cordillère des Andes. 
Le vent et la pluie cognant sur la fenêtre. Comme pour annoncer,
Les pétarades de L’engin… Le clair-obscur. Vertige dans les déferlantes...Pour se dire que c’était un peu sorcier de prendre l’avion à cette époque et qu’il  fallait vraiment être courageux pour conduire ses drôles de zinc de l’aéropostale.
Et l’homme, pas si malin que ça.
Malgré la chance d'être en vie. S’extrayant de la carlingue en se refugiant sous le Potez renversé, emmailloté dans son parachute après deux jours de tempête de neige.
Esseulé dans l'immensité puis au 3eme jour du matin, le calme plat regardant à perdre de vue les grandes étendues de blanc. Décidant d'inscrire sur la carlingue "N'ayant pas été repéré, je pars vers l'est. Adieu à tous, ma dernière pensée sera pour ma femme."
 (J'me disais bonhomme, je ne voudrais pas être à ta place)
Mais de voir ce héros partir à la conquête de l’inconnu, bagage à la main, dans son costume tweed. Prêt à franchir les limites de la conscience. Quand même, il n’y a que le sens de l’instinct qui pousse l'homme dans ses retranchements.
Moi qui n’avais jamais lu en entier  « Terre des hommes » ou juste quelques bribes dans une classe primaire. Me rappelait ces héros oubliés qui resurgissaient.

Dans une nature hostile, en plein blizzard,
Le voyant s’agenouiller dans la neige, se relever d’épuisement. En soliloquant  le nom de sa femme " Noëlle" pour qu'elle puisse toucher l’assurance-vie, 
Continuant dans la neige, se remémorant dans le froid atroce que la prime d’assurance ne peut être touchée. Que si le corps est retrouvé.
Se roulant dans la neige, les gelures au corps où dans ces conditions, le temps paraît une éternité.
Les doigts esquintés, escaladant les parois rocheuses pour encore franchir trois cols, 
Au prix de la vie suprême, exténué de force. 
Finalement retrouvé par un jeune berger et sa mère. (je crois même que le plus courageux des homo ergaster n’aurait pas fait mieux).
Cinq jours d’un combat avec le mental, l’animalité et l'image de la mort.
Il y a  tout ce sens, que j’appellerai  ici « folie » et tout ce qu'on peut faire par amour.
Quand il tombera dans les bras de son ami Antoine de Saint-Exupéry,
Il ne pourra s'empêcher de dire...
« Ce que j’ai fait, je te le jure, aucune bête ne l’aurait fait »

mercredi 22 janvier 2025

Rosée brumeuse

 Le dimanche soir, je pensais à la douceur d'automne dont les formes colorent et pimentent les paysages.

Depuis une semaine, j’étais revenu au pays,

Ma saison de serveur venait de se terminer et je savourais la tranquillité d'un anjou oublié.

De l’autre côté du fleuve, je voyais toujours le fruit en grappes s’enivrer de miel et de fleurs blanches à travers l'alignement des vignes où la mémoire garde une nature cachée.

Des paysages entre douceur angevine et camargue sauvage.

Quelques heures auparavant, la main d'Aude caressant les baies gorgées de soleil.
En ce beau dimanche après midi, pour la première fois, j'entendais le mot « rosée brumeuse « échappée de sa bouche dont je faisais mine de ne pas comprendre.

<< Laurent, écoute,
une journée ensoleillée comme celle-ci, combinée à des brumes matinales favorise et accélère ce phénomène.
Tu dois bien comprendre pour que le champignon se développe, il faut un fort taux d’humidité afin que celui-ci attaque la peau du raisin et nourrit l’eau qu’il contient.
Peu à peu, la baie du raisin diminue en volume mais augmente en taux de sucre.
Imagine sans cesse, la vigne caressée par le vent,  une nature réchauffée doucement sous l'action conjugué du soleil quand la brume s'évanouit pour faire disparaître son manteau.
En Anjou, on appelle ça une « rosée brumeuse ».
Sais-tu au moins, que tu es assis sur une parcelle silicio-schiste ! <<

Pardon!

<< Le schiste est un bon drainage pour les raisins de la vigne.<<

Qu'elle reprenait d'un sourire malicieux
Le temps d’apercevoir deux petites bouteilles au fond de son panier en osier.

<< Goûte-moi ça ?
Connais-tu la différence entre ces 2 appellations.
Toi qui reviens de Camargue, tu dois en savoir des choses.
Tu vois, Laurent, la différence c’est comme le regret et un remord. 
La nuance est subtile <<

Je restais perplexe à ces allusions, pendant qu’elle déballait 2 verres au fond du sac où je voyais la couleur or couler lentement sur les parois.

<< Respire ce Bonnezeaux ! 
Riche en arômes de fleurs blanches, au nez d’acacia.
Hume cette persistance.
On découvre des notes miellées, de fruits confits, d’abricots et de coings.
T'en penses quoi ? <<

Comme un peu endormi, ses paroles réveillaient mes sens où je retrouvais ce graduel de saveurs et d'épices douces d'autrefois.

<< Tu sens la texture du gras qui enveloppe le palais. En attaque le Bonnezaux a cette puissance.<<

Pendant que je regardais le paysage, les traits harmonieux d’Aude se confondaient devant les ailes du moulin. C’était une fille de bonne famille, cultivée dont la vie l’avait bercée dans les méandres du Layon. C’était une passionnée. Intarissable dans le domaine du vin.
Je l’avais connu au restaurant "La salamandre" lors de mes extras puis on s’était perdu de vue.
A Savennières lors de la fête des saveurs, je l'avais reconnu derrière son stand. La sentant un peu confuse.

Grâce à mes conquêtes arlésiennes dans la région la plus sauvage de France, j'avais gagné en assurance même si rien n'est gagné avec une femme, je partais en territoire conquis.
Hasard singulier se superposant comme deux personnes se rejoignent à la confluence de la Loire.
Maintenant Aude, d'un geste élégant soulevant son verre au milieu des vignes.
Charmé de voir ce vin ambré bercé par son poignet fin dont je retrouvais les profondeurs d'antan. 
Son quart de chaume tirant plus sur la finesse.
M’expliquant de manière solennelle que le minéral diffère dû au terroir du nord.

<< Sais-tu Laurent ? 
Qu’il y a en dessous du quartz, du schiste et de l’ardoise. Cette mosaïque est propice au drainage de la vigne parce que les racines puisent dans les strates de la roche.
Eh oui, par effet de capillarité, la vigne se nourrit en continue.
Comme tu peux le constater, la matière est puissante en bouche, sans lourdeur.
Elégance, pureté. 
Dans ta main, tu as un cœur avec une tendresse opulente.
Un équilibre entre moelleux et acidité.
Tu vois, Laurent, le chenin a la particularité d’apporter cette fraîcheur alliant le sucre des grains botrytisés qui donne cette sensation d’équilibre. 
En final, tu ressens une saveur de miel d’acacia dominante qui se dépose sur le bout de ta langue avec un effet crescendo. 
Une sorte de mouvement, où tu bascules dans une douceur discrète.<<

Quand elle s’allongea sur l’herbe…Je réfléchissais à la nuance entre remord et regret.

dimanche 19 janvier 2025

Le bois de Cise




C’était une bohême réceptive qui cueillait l'instant, je n'étais pas étonné qu’elle éprouvât le désir de s'allonger sur le sable.

C’est un geste naturel, dès que la vie bourdonne, on a ce besoin vital d’être en communion avec les éléments naturels.
Bien qu’elle m’invitât à la rêverie, je pensais que ça allait durer 2 plombes!
Adieu "Homard bleu", adieu fruits de mer, adieu muscadet et nougat glacé.
Quand j'y pense, j'exagère !
Dans un décor bucolique, j'entendais battre son petit cœur comme un petit animal dont le rythme m'attendrissait. C'est vrai, quand vous avez la nuque calée dans les seins chauds. Comment dire, ça cadenasse vos angoisses. C’est comme un soleil en cloche puis vous fermez doucement les yeux. Vous sentez la ruche bourdonnante tel
 qu'un emplâtre vivifiant vos raideurs cervicales.
A Mers les Bains, sur la jetée, il y avait toujours la marchande de frites.
Je crois que je n'ai jamais pris autant de temps pour croquer un sandwich américain.
Assis sur la bordure face aux galets.
Il n’y a que les femmes qu'ont ce pouvoir de nous faire glisser les nuages.
D’un ciel dégrafé, au bois de Cise, les yeux ouverts, comment ne pas oublier le bruissement de sa robe.
Du bas de la falaise. Je voyais le monde tourner comme un cerf-volant.
De nos tignasses peignées à la diable, de nos lèvres noires,
De ces baisers mielleux comme un bateau qui se coule dans la ruche.
La mer était belle.

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