lundi 15 juillet 2024

Bleu pour le ciel à contre courant




Allongé sur le dos

yeux mi-clos

Hier, j'aimais

La douceur de tes doigts

Oscillant dans la seiche au vent
Chapeau de paille entouré d'un ruban
Flotte
L’insouciance
J’aime tout en toi
Quand tu sèmes à tout vent
Là, où ton ombre butine
Et caresse les peaux blanches
Libellule pour la tourbe légère
Bleu pour le ciel à contre courant
Libellule pour la couleur des mouvements
Bleu pour la romance du ciel

dimanche 23 juin 2024

Balade d'été




 Les couleurs étaient belles. La route droite,

Sous le soleil de juillet, je ne pouvais rien faire si ce n'est comprendre un peu le processus de la vie.
Avec infiniment de douceur, réchauffé par la lumière du jour, je voyais toujours ma destinée amoureuse s’enivrer de miel et de fleurs blanches à travers le pare brise.
La petite place de Marçon était calme avec ses murs de tuffeau reflétant une atmosphère dont je retrouvais le goût d'enfance de ma grand mère. Tout proche, l'église de la Sainte Vierge vêtue de son clocher tors. Moment idéal pour casser la croûte au soleil.
Assis sur le banc, je redécouvrais les platanes, peut être les tilleuls que sais-je? Où jadis, j'avais croqué un silence de novembre.
Comme l’endroit s’y prêtait, j’imaginais ...

dimanche 5 mai 2024

Les Johnnies

 




Les journées étaient longues, il ne fallait pas oublier les gourdes d’eau pour s’asperger le cou et le visage.

La compagnie Ar Pen polis comptait 50 vendeurs d’oignons.

Les uns spécialisés comme botteleurs restaient en base à Southampton et les autres marchands colportaient l’oignon rose à travers tout le pays où les ménagères anglaises appelaient communément  « Johnnie » du fait de leur petite taille parce qu’ils étaient souvent accompagnés de leurs jeunes enfants.

Ces aventuriers quittant le port de Roscoff depuis 1828 sous les embrassades humides à travers les filins, laissant les jeunes mères paysannes tristes. Ces marins impuissants voyant peu à peu s'effacer sur le quai des charrettes à bras derrière la ligne d’horizon.
La séparation durait six longs mois.

Ces johnnies, au fil des décennies, découvrant toute l’Angleterre. Peut-être le plus intrépide, Le Guénidec, cinquième génération qui arpentait tout le Comté de Sussex, de ferme en ferme, chaque saison.
C’était sa 22ème traversée sans interruption. En l’an 1927, ce 14 juillet, son fils Augustin âgé de 10 ans, l'accompagnait pour la première fois.
Le père se remémorant marchant au même âge avec son père. Depuis de longues années, un bâton sur le bâti des épaules avait fait de lui à présent un gaillard.
Ils étaient originaires de Tréguier, bourg assez éloigné du pourtour de Roscoff.
Le Guénidec, trente deux ans, béret bien enfoncé, sillonnant la campagne anglaise à bicyclette dont des tresses d'oignons roses dégringolaient du guidon jusqu'au garde de boue.
Ces vélos ressemblaient davantage à une chenille se faufilant au milieu des prairies vertes. 
Il n'était pas rare d'apercevoir, 
Bordée, par la belle côte sud de l’Angleterre, la craie blanche diffusant une lumière douce. 
Tout en haut de la falaise, les vélos et les bérets éparpillés à côté des fleurs sauvages.

Les Guénidec regardant l’océan, du moins la mer.

Libres, comme le vent.

Le père proche de son enfant. Enlacés dans les blés. Bercés de tendresse dans les couleurs cuivrées d’oignons.
Le vent léger du nord parfumant les cheveux sous un ciel étoilé sous les yeux émerveillés de Marie de l'autre côté de la Manche. La paimpolaise n'ayant pas sommeil, veillant sur la mèche emboutie. 

La providence mordre un moignon d’aube posée sur la margelle. 
Quelques portions de nuit comme une dernière lueur se déposant sur la côte granit rose avant qu’Augustin et son amoureux, ne referment de l’autre côté les paupières…

mardi 2 avril 2024

Le pont de Blois

 



Pourquoi, je ne passerai plus à Amboise ni Montlouis?

Voilà ce que je me raconte sur la rive droite de la Loire après avoir traversé le pont de Blois.
On aime toujours à l'imparfait, peut-être les choses semblent plus claires, sans doute faciles à comprendre.

Pourtant, 
J'aimerai tellement revoir la berge de ce parking où je savourais le café chaud en écoutant le chant matinal des oiseaux.
Avant que je connaisse Amboise la bourgeoise,
Immobile sur le banc.
Je regardais le réveil de l'aurore dans la seiche au vent qui m'empêchait d'avoir peur.
Une belle nature, spirituelle colportant les choses invisibles.
Comme la magie de l'espérance frisottant l'esprit.
Dans le silence.
Je la voyais se débarbouiller le visage, les mains en corolle.
Telle la première fois.

jeudi 25 janvier 2024

La Dame de Monsoreau




 

iL y a toujours ce bouquin de la « Dame de Monsoreau » sur mon lit. Et je n’aime pas lire.

S’il y avait une fête populaire au Puy Notre Dame, au moins je t’emmènerai voir les fameuses galipettes, oui ces champignons de Paris qu'on cultive dans les galeries Saumuroises.
Ils sont énormes, ici, on les laisse pousser plus longtemps. Et puis un jour, la tête tombe pour se rouler. D'où le nom "galipette". Alors, on les ramasse. 
Lors des fêtes dominicales, en belle saison on les fait griller sur de grands barbecues, accompagnés d’un beurre d’escargots qu’on déguste avec des fouées.

Tu sais, ces petits pains cuits au feu de bois, garnis de rillettes, de mogettes, de fromage de chèvre ou de beurre salé.
Perdue, au milieu de ces grandes tablées aux fumées odorantes.
J’aime quand tes lèvres goûtent le vin framboisé. Dans l’instant, je te vois en robe légère t’allongeant au bord de l’eau. Tête rêveuse.
Le pont de Gennes, magnifié par une coulée de lumière où j’imagine, le premier rendez-vous. L'ombrelle habillée de noir ouverte comme un parapluie qui tourne comme une fleur agitée.

Attendant,   
Paupières mi-closes,
Depuis la chambre
, j’écoute la pluie…

vendredi 8 décembre 2023

Variations




Je n'avais pas posé mon sac sur l'île de Skye, Mes rêves restaient alambiqués.

En ces lieux, depuis 10 jours je faisais l'aller-retour Angers Laval pour cette vacation.

La mayenne angevine se nommait Talisker. Cette distillerie, située sur les rives du loch Harpot avait déjà fait florès avec ma sherry. Dans le sel et la fumée d'une terre celte, mes pensées gardaient un caractère marin. Le vent du large, les steamers romantiques. Une mer démontée. J'avais le cœur en kilt.

Le révérend Mac Cullough en a fait l'île des brumes et sir Walter Scott un long poème sous l'ère victorienne, Skye, un pied à terre ou comment tomber amoureux.

Sur la route, 

Je déshabillais une île de pluie nattée en chignon comme un océan qu'on dénude.

Juste pour croire aux variations saisonnières.

Une chevelure dont on se décoiffe rejetant par saccades le catogan des vagues éphémères que le vent ébroue.

Un soupçon de tourbe,

Une robe à reflets or, verts comme les algues séchées que l'océan disperse.

Je sentais les épices de poivre noir, d'agrumes, d'embruns quand la cendre volcanique déborde sur les orgues de basalte.

Envouté la première fois dans la fumée celte, 

Des odeurs de cédrats confits, de mangue et d'iode,

Se noyaient dans une île de beauté quand le silence bataille l'amertume, pactise avec les parfums boisés de la mayenne angevine.

Tourné vers les paysages, l'expulsion d'une gaélique.

Lave en fusion brute qu'un trait de pensée d'eau adoucit comme la quiétude d'une mer bretonne.




mardi 5 décembre 2023

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