vendredi 20 septembre 2024

La lande




 Depuis ce matin, j'arpente la lande. Même si je devine la couleur automnale. Je suis sûr que ton ombrelle n'a pas encore quitté le port ni l'expression figée du premier rendez-vous.

Pas la peine de se torturer la frange pour comprendre ça. Tout à l'heure, il y avait la raison, les fleurs sauvages, ton parfum brûlant sur la ligne d'horizon.
Ces pensées qui s'entrechoquent et celles qui se brisent pour disparaître sur le contour d'une bretagne semblable aux monts d’Arrée.
Dois-je encore m'émerveiller comme un sentiment ancien? Là, où les senteurs marines se couchent quand les algues respirent ici la nuit? Pourtant le vol en rase-motte des mouettes dans le ciel nuageux semble m'échapper de nouveau. Comme le faisceau à l'immunité acquise me donne l'impression que les semailles à venir existent encore.
Sur l'estran, je n'aurai jamais dû cueillir tes baisers. Au milieu de nulle part, il me reste la semeuse à tout vent, celle qu'on emporte à ciel ouvert. 
Les rêves incultes par delà les champs, éclate en silence ta robe à soleil dont la lumière retrouve les beaux jours. 
Avant que la pénombre ne ratisse la campagne.
Je sais que tu reviendras, parfois dès les premières lueurs, dans cette vague d'humeur froid, tu m'attends, grelottante.
Radieuse, tu te penches à peine. Habillée de jaune sous les méduses d'un parapluie ouvert.
Comme l'annonce d'une saison nouvelle, tu fais éclore mon cœur..

jeudi 12 septembre 2024

Les Pouetes


 

LES POUETES


C'est grand un mot en poésie

Ca va au-delà des désirs

La poésie c'est p'être Bowie

Un peu trop beau, indésirable

Un p'tit décor déjà en soi

Un pas grand chose que l'on aime pas.


Ne crois-tu pas j'exagère?

J'vois bien un titre pour littéraire

La poésie est-elle sexy?


On n'la lit plus mon cher ami

Manquerait-elle de sex-appeal

Ses formes sont droites un peu rigides

Faudrait pouvoir les arrondir


Tu affabules ma belle enfant

Fidèle à tes habitudes

Tu penses trop sec et tu dérives

Dans tes méandres de rectitude


J'comprends pas bien ce que tu livres

J'oublie avant que tu ne dises

J'attends seulement une émotion

La poésie c'est un glaçon


Je vais m'fâcher tu m'exaspères

Aussi frivole qu'un papillon

Tes formules à l'emporte-pièce

Sont aussi plates que tes nichons


T'es qu'un sale con un peu vulgaire

T'as rien compris à mes dictons

Je m'en vais courir après l'air

J'emmène Baudelaire ou bien Villon

Sylvie Bourgoin (Vie de Ville Poésies et photographies 1991 - 1992)


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