dimanche 7 décembre 2025

Limoncello

 



J'avais aimé le silence matinal de la toscane fraîche, les brumes printanières se dissipant peu à peu dans la campagne à côté de Borgo San Lorenzo.  
Vision intacte sur les cyprès.

Les après-midis, la tête dans les nuages avec la tour de Pise avant de flâner à Lucques, ville étrusque dont je trouvais les rues propres.

 Florence, au mois de mai pour les menus chic, trattoria.
Sylvie m'offrant ses tomates à l'huile d'olive comme entrée insolite, son jardin à l'italienne, feuilles basilic en option laissant mes yeux se guider dans la teinte toscane, ses gémissements à fleur de peau à travers les fresques murales des petits villages du Chianti, odeur de parmesan parfumant les jambons suspendus au plafond, comment oublier les ruelles secrètes de San Gimignano  jusqu'à la place de Sienne.
 Arrivederci! en quittant le ciel azuréen.
 Le charme de l'Italie pendant une semaine sur le retour entrelacé des lacs piémontais où le bleu, le vert, le blanc colore le nord.
Quelques années plus tard, la partie sauvage de l'Italie que l'on nomme la côte amalfitaine. Ah la ville de Naples, j'enflammais le corps de Marie avec ses généreux baba au rhum
Sa façon d'onduler comme une sirène où j'avais l'impression de nager dans les eaux de Capri.
La baie de Naples en décor de fond
En fermant les yeux.
(Depuis que je vais chez ma mère, j'y ai pris goût, il faut dire qu'elle le prépare bien le Limoncello). 
J'aime bien ! quand maman sort les petits verres transparents.
 Surtout en digestif, sur de la glace pilée,
La bouche fraîche, citronnée aux notes légèrement épicées qui persistent.

lundi 24 novembre 2025

Le jardin mauresque de la ville d'hiver





 Je suis debout sur un banc, pieds nus, les mains dans le dos.

Dans le jardin du casino Mauresque où le théâtre de verdure San Carlito donne un spectacle de marionnettes. A titre princier, les places d’honneur sont toujours réservées aux enfants fortunés des villas chics du parc. L’une d’elles, mademoiselle Charlotte, assise dans un fauteuil en osier blanc chaise, crache des mouchoirs de sang de ses fines mains gantées. Vêtue d’un corsage violine recouvert de tulle, brodé de sequins groseille et d’une cravate en frou-frou de chez Circa qui tranche avec la pâleur du visage émacié. Il n’y a que des gouvernantes pour mener les enfants au guignol, mais vous my God, vous avez la chance de votre mère. Tout à l’heure, madame Dubos de la laiterie du bocage viendra livrer, en carriole, ses bidons de lait de vache vaccinée. Sur avis médical, Charlotte ingurgitera son grand bol de crème, couplé à une eau de pin. Alors je la regarderai boire, fasciné attendant avec gourmandise, ce moment précieux où elle offrira son cou au breuvage encore fumant. Voire, entre deux quintes de toux, un sourire à la petite main qui, tous les matins, lui démêle son chignon dans l’un des salons de la villa - louée au mois, à l’angle de l’allée Velpeau.
Mais si son état, déjà pitoyable, continue d’empirer, elle partira bientôt, à l’aérium de la fondation Wallerstein d’Arès...
Il me suffit de fermer les yeux pour me remémorer avec certitude les allées en rondeur, le kiosque à musique, Place des Palmiers et les magnolias fleuris comme d’un jardin anglais. D' ailleurs je n’ai jamais autant appris sur le cricket, la Jelly ou les maisons Tudor que pendant ces longues semaines où je me suis instruit des raffinements de son éducation. Depuis la chambre des domestiques, sous les combles où je l’écoute dormir. Cette fois ci, demandera t-elle aux sœurs de la Sainte Agonie si Dieu et l’automne l’autoriseront demain, à porter une jolie robe de promenade? Ou du belvédère, me lira t-elle encore un passage de Wuthering Heights, ce livre étrange qui ne la quitte plus des mains depuis quelques jours?
Comme d' habitude, elle viendra prendre avant midi, un bain d’air saturé de sel. Devant le bow-window sans doute. Là où la ville d’hiver, mêlée d’effluves odorants et de senteurs balsamiques, gemme des soleils revigorants. Un bienfait pour les curistes de la Grande Dune dont le lazaret à ciel ouvert n’est qu’un écrin de forêt maritime.
Un sanatorium qui panse la phtisie des futurs héritiers comme elle aime plaisanter. Pleine de malice, je l’entendrai dire aussitôt: Sorry, mais avec votre permission Léontine, une voiture viendra nous chercher au pavillon Impérial dès quatorze heures.
D’une simple pichenette, elle réajuste sa capeline en tarlatane rose thé dont le ruban en gros grain assorti décolore un œillet qui lui tombe sur l’œil droit. Tilt hat, comme on le ferait d’un bibi que l’on défroisse, me soufflera t-elle de son accent délicieux. Mais sous une fièvre qui suture les peaux usées. Et devant son précepteur, qui alors froncera les sourcils.
Tout en suivant l’omnibus, nous prendrons la route du Moulleau.
Sur la plage, une course au tramway nous conduira directement jusqu' au phare. Je fouille mes poches. Un aller-retour en tillole coûte cinq francs pour un à quatre voyageur. Pas grave, nous pourrons donc, emporter deux fois le poids de nos rêves. A la terrasse de la lanterne, nous regarderons le monde tourner comme un cerf-volant. Puis soudain, le rouge lui monterait au front par le fracas des brisants. Et peut-être même, qu’elle y jetterait son mal de poitrine. Pour les hauts de Hurlevent d' abord, qu’elle serre bien fort contre son cœur. Là-haut, préférerait-elle me parler de son père officier de la Navy, admiral of the fleet, des obsèques du roi Edouard VII ou du pur-sang qu’il lui a promis, black home?
Quelle importance !
Je sautille sur mon banc. Comment lui cacher ici, mes voyages d'illusion, des croisés de l' Alcazar à l' Alhambra de Grenade, en passant par le funiculaire du casino - affublé d'une pèlerine trouée et de vieilles galoches hors d' usage, dénichées dans une boutique d' un prêteur sur gage de la Teste? Des brocantes en tous genres, où j’ai marchandé mes sacs de billes et quelques numéros du Dimanche Illustré pour économiser les cent sous nécessaires à ma bourse? De la station balnéaire, défilent à dos d’âne les dandys de Londres, les ducs de Russie et tous les aristocrates d’Europe dont les cartes nuages rejoindront bientôt le bout du monde. Les mêmes qui s’envolent depuis notre phare,
Mademoiselle Charlotte.

Une dernière représentation de Guignol, quelques chaises longues, un crachoir de poche.
Et déjà, je fais tinter l’or de ma bourse...

(texte Jonavin)

dimanche 16 novembre 2025

Spritz

 


Vous avez dit Spritz! 

Directement dans le verre,
Lit de glaçons
4cl d'eau gazeuse (Perrier ou Salvetat ou San pellegrino)
4cl de campari
7cl de prosecco
garnir avec 1 rondelle d'orange


Après la projection de Play Time de Jacques Tati, le groupe se dirigeait "Au Bureau".
En entrant dans les lieux, je sentais de bonnes vibrations.
Pour faire comme tout le monde, j'avais choisi aussi le Spritz.
J'aurai préféré un vouvray sec pour retrouver ce goût de terroir.
Cette minéralité se terminant par des arômes de miel.
Le chenin blanc offre cette complexité qui rappelle la fraîcheur des tuffeaux.
Mais ce verre servi en forme simple Duralex, me surprenait.
Cette couleur orange me transportait à Venise dans les tons feutrés du pub.
Je pensais à celle que j'aimais et le silence des jours me rapprochait du rêve.
La distance émotionnelle se mêlait aux fragrances d'oranges amères.
Etre feu à l'intérieur et glace à l'extérieur pour susciter une forme de calme pour ne rien laisser apparaître dans les jours brumeux d'automne.







jeudi 6 novembre 2025

La source Sainte Catherine

 D'abord, il y a cette clarté. Les maisons à pans de bois où le lierre descend sur les briques rouges.

Sur la petite place, un ciel printanier réveille doucement l’étuve du marché à fleurs.
Là, où les étals suant les toiles parasols détrempent le jaunet avec les bâches que reflètent les ombres sur le mica des tables bistrots.
Marie boit son dernier espresso.
Aujourd'hui, sous les halles, une agréable odeur de cidre parfume les robes à fleurs que caressent furtivement les premiers passants.
L’air triste, Marie suit et regarde un bouquet de jonquilles rond comme un bouquet champêtre, un plein soleil qui ne ressemble plus aux tournesols.
Peut-être, une averse de nuit. Détrempée de solitude.
Sans tige, quand les pensées ne sont plus que des boutons de lune.
Que les chalands piétinent.
A la terrasse, elle s’est levée pour oublier l’odeur du blé vert encore habité par les vents.
Ce jeudi, à l’arrêt d’autocar, la bise donne un léger flottement d’élégance à sa posture malgré sa robe jaune pâle. Celle qu'on teintait autrefois avec des pelures d’oignons.
La couleur pauvre qui habille les paysannes avant qu'elles partent pour la ville.
Hier, elle a jeté son épingle à cheveux dans la petite fontaine. La tradition promet un mari dans l’année, si pièce ou épingle tombe dans la source.
Il y a deux ans, une lettre a torpillé son cœur. Un fiancé perdu dans la guerre d’Algérie s’il n’avait pas rencontré Mathilde.
Ce matin, la rêveuse embrasserait les ombres à tue-tête.
Marie est ce merveilleux bout de femme qui ressemble à l’Eure avec ses brumes matinales. Juste le soleil quand il pleut, dans la rosée tendre où la lumière passe à travers les hêtres.
La veille, à la petite source, Marie a trempé ses doigts dans l’ambre gris laissant le bouquet s'éparpiller dans l'eau vive pour croire aux variations saisonnières.
A Lyons la forêt, les tables bistrots n’attendent que les amoureux.
Soucieuse, se souvient- elle des jeux de paume? Les serments des lignes de la main qui caressait ses cheveux à l’heure du midi? 
Ce regard prometteur, monts et merveilles quand les belles paroles enchantent et percent la raison?
Au loin,
Elle aperçoit l'autocar...

mardi 21 octobre 2025

Dernière lueur

                                      




                                    Dernière lueur sur les planches en bois d'azobé

De ce vent iodé, je quitte l'humeur marine où j'ai libéré ta silhouette aux alentours
Etrangement, les lampadaires éclairent à peine le sol sous l'ombre jersey des villas normandes
Devant les boutiques
Je marche tranquillement
Tant les vitres miroitées font l'enseigne des lettres lumineuses
Souffle la bise, d'un monde transparent
Le temps
Le silence
Ce bruissement à travers les alvéoles 
Se reflètent les gouttes de pluie sur la baie
Comme l'accroche-cœur pour dégrafer au fond, les senteurs marines
Mais avant, un peu d'irrévérence
Sous la ville endormie, dans la fumée du rêve
Je ne peux m'empêcher d'imaginer, les pensées qui éclaboussent quelques lumières douces pour se baigner dans la fantaisie de tes vagues

lundi 13 octobre 2025

Une truite meunière

Si vous avez prévu une truite meunière poêlée avec des amandes effilées bien brûlées, 
N'oubliez pas Le Corbières blanc!
C'est un vin qui développe une palette aromatique oubliée de fruits à chair blanche, de fruits secs et de fruits exotiques. La délicatesse d'un bois bien fondu que j'avais goûté dans la séduction des beaux jours. Du gras, des notes vanillées perdues dans les gestes rotatifs de mon poignet.
En la regardant,
J'avais frôlé l'élégance, 
De sa bouche à ma bouche, la perception aromatique intense resterait agréable.

lundi 8 septembre 2025

La Paimpolaise

 Depuis la côte de granit rose, le vent rase la lande.

En ce dimanche, les rochers vêtus d'embruns embaument le sentier douanier.
Même si dans les pensées,
La paimpolaise réveille des linceuls de parfum.
C’est bien connu, la vie ne s’attarde ni hier ni aujourd'hui.
Mais en arrière, dans le hasard comment peut-on oublier des visages, c’est comme la providence refoulée.
Sur la jetée de Ploumanach, Gaëlle peut l'entendre, le suivre...
A marée haute, partout les ajoncs et l'agrostis, battue par la houle remonte le premier émoi. 
En face,
"Les 7 îles " là, où les oiseaux arrachent désormais un morceau du ciel comme une grande voile pour écraser ces années de doute.
Peuvent-elles encore gifler la dormeuse enflammée?
Les yeux rêveurs, Gaëlle attise le feu de l’aube comme pour saborder encore un ciel imbibé d’éclats violacés. 
Ce phare de granit, de roches tendres dont la flamme couleur miel éclaire des portions de nuit où d’emblée l’aréole soulève des linceuls d’embaumeur.
De ce visage hermétique, elle ne peut promettre la lune.
Sinon l’abandonner dans une pénombre recueillie. Là où règne un désir d’expiation.
Cette lueur la protège des laideurs korriganes que sont l’ennui et la résignation. Qu’elle cueille en ronds de sorcières, chaque dimanche au fond du jardin, 
Aujourd'hui, elle n'ira pas déjeuner chez ses parents.
D’ici, elle peut humer le vent comme un animal, le suivre à sa trace…
Blottie entre les rochers, les cheveux dénoués au milieu des fleurs sauvages.
L’eau gerbe une écume douceâtre, où la vie mordue par le ressac enrobe son silence.
Voilà donc ces fleurs bleuir l'océan. Le cœur qui pardonne?
La dormeuse s'enroule d'un bouquet de bruyère.
Sous un nœud, les sentiments écorchent le poing serré.
Elle le sent rougi, repu de vide, grignoté par les crevasses sous un châle encore transpirant.
Le hoquet lui monte à la gorge mais elle refuse les larmes.
Gaëlle fixe l'horizon. Le temps cogné sur les rochers. La mer semble figée.
D'avis, elle sourit que le phare n'aime pas éclairer les souvenirs d'une drôle de gangue...

dimanche 10 août 2025

Fattouche




C'est une entrée que j'aime quand il fait chaud, je ne sais plus si c'est à Beyrouth, en France où j'ai dégusté cette salade la première fois.

J'adore vraiment le croquant des pignons de pin, d'accommoder ces petits morceaux de pain en forme de galette, légèrement dorés à la poêle qu'on rajoute juste avant de servir.

Ces tomates, concombre, radis finement coupés ainsi que la laitue ciselée, persil  beaucoup de persil, citron, épice sumac 

Tous ces ingrédients comme la menthe apporte la fraîcheur méditerranéenne en bouche.
Comme disent les Libanais, "Qui n'a pas goûté le fattouche, n'a pas goûté le Liban"
Un bon Tavel frais pour démarrer la soirée afin de chauffer le palais.





Il ne manquerait plus des aiguillettes de poulet grillé mariné citron - menthe façon libanaise.  
Pourquoi pas en apéro du caviar d'aubergines, houmous.
Tremper la galette dans les coupelles en regardant sa bien aimée.
Je trouve l'interlude sensuel dans le silence des yeux.
Et pour finir en beauté la pâtisserie libanaise avec ses cheveux d'ange parfumés, le feuilleté à la pistache
, noix de cajou, pignon et amande qu'on nomme "Baklawa", 
A suivre les loukoum à la rose, à la pistache.
La fleur d'oranger que l'on devine subtilement dans les gâteaux de semoule, miel et amandes, le tout servi avec un thé à la menthe. Là, ça serait le bouquet.
Mais n'avais je pas oublié la glace à l'orchidée.
Par dessus un café turc. Histoire de ne pas s'endormir, 
La cuisine libanaise rien que d'en parler me donne des idées...


samedi 5 juillet 2025

La lande

 Depuis ce matin, j'arpente la lande. Même si je devine les pensées profondes qui éclatent en silence. Je suis sûr que ton ombrelle de sentiments n'a pas encore quitté le port ni l'expression figée du premier rendez-vous.

Pas la peine de se torturer la frange pour comprendre ça. Tout à l'heure, il y avait la raison, les fleurs sauvages, un parfum brûlant.
Ces lignes qui s'entrechoquent, celles qui se brisent pour disparaître sur le contour d'une côte bretonne semblable aux monts d’Arrée.
Dois-je encore m'émerveiller de l'horizon? Là, où les senteurs marines se couchent quand les algues respirent ici la nuit? Pourtant le vol en rase-motte des mouettes dans le ciel nuageux semble à nouveau me surprendre. Comme un faisceau de mémoire à l'immunité acquise me donne l'impression que les semailles sont à venir.
Sur l'estran, je n'aurai jamais dû cueillir tes baisers. Au milieu de nulle part, il me reste la semeuse à tout vent, celle qu'on emporte à ciel ouvert. 
Les rêves incultes, par delà les champs, ta robe soleil où je retrouve la lumière des beaux jours. 
Avant que le givre de mes espérances ratisse la campagne.
Je sais que tu reviendras, parfois dès les premières fontes, j'ai l'impression que je découvre l'humeur des jardins maritimes. Dans cette vague de froid, tu m'attends, grelottante.
Radieuse, tu te penches à peine. Habillée de jaune sous les méduses d'un parapluie ouvert.
Comme l'annonce d'une saison nouvelle où tu fais éclore mon cœur.

dimanche 15 juin 2025

dimanche 8 juin 2025

Retour en Afrique 20 ans après ma première année de naissance

 

Short lâche,  je les avais distancés.

Courir dans la poussière des salines,
Je voyais encore au loin les maigres ordures que se partageaient les chiens.
Je l'avais échappé belle!
Sur la place Rimbaud, à côté du minaret, la couleur de mon cœur n'avait pas connu ce ciel ressemblant à l'aube ensanglantée.
Dans les ruelles mauresques qui menaient à la place Ménélik. Les relents de moka me donnaient le tempo dans les enjambées.
L'Afrique n'avait jamais été aussi belle à travers les trottoirs dans le dédale de mes pensées.
Pour une fois, les bars à naïas ne clignotaient pas sauf une somalienne à la démarche lente, aux seins fermes et pointues en transparence sous le diré, attirait mon regard.
Parfumée sous les arcades,
Je pensais à la fraîcheur du soir, aux herbes brûlées,
Aux encens où le henné décore la paume des mains de ces jeunes femmes dont le cliquetis des fins bracelets sonnent le métal pour charmer le soldat ensorcelé.
Mon regard lointain semblant oublier cette Normandie.
De l'aveu,
Je songeais à la chair brune, 
Aux dessins mystérieux,
Une Afrique facile où je n'avais jamais autant bu de coca.

mercredi 28 mai 2025

vendredi 23 mai 2025

Une femme d'aujourd'hui





je me souviens de tellement de choses que j'en viens à aimer encore celles d'hier,

Pourtant, je l'aimais cette femme au visage de tragédienne. " Qu'est ce qu'elle jouait bien la comédie"!  Une belle dormeuse qui me donnait le vertige. Quelque soit la teinte de ses cheveux aux traits angulaires, sa sensibilité vénitienne me laissant dans un état de pensées. La façon de me plonger dans
Mes interrogations,
La douceur de sa voix, une sonorité presque palpable marquerait à jamais mon esprit dans la seiche au vent.

vendredi 16 mai 2025

Bleu pour le ciel à contre courant

 


Allongé sur
 le dos

yeux mi-clos

Hier, j'aimais

La douceur de tes doigts

Oscillant dans la seiche au vent
Chapeau de paille entouré d'un ruban
Flotte
L’insouciance
J’aime tout en toi
Quand tu sèmes à tout vent
Là, où ton ombre butine
Et caresse les peaux blanches
Libellule pour la tourbe légère
Bleu pour le ciel à contre courant
Bleu pour la romance du ciel

dimanche 4 mai 2025

Le vent était si faible

 



Le vent était si faible, léger, chaud, généreux, capiteux spirituel, brûlant.

Et le vin framboisé, pétillant
L'arôme évanoui, 
Le temps fugace, 
L’instant brillant, limpide, clair, voilé, louche, trouble.
Toutes ces senteurs incolores,  toutes ces visions du blanc clair pour finalement fermer les yeux et 
Aimer.

dimanche 20 avril 2025

cidre du limousin

 Parfois, j'ai des clientes qui aiment des sensations nouvelles.

Je me souviens de cette jeune enseignante qui aimait et ne jurait que par des produits labellisés Bio.
Elle m'avait parlé de sa daurade qu'elle déposait sur un lit de citrons confits. 
Le four bien chaud avant de déposer le poisson fourré de rondelles de citron dans les ouïes, un filet d'huile d'olive, du laurier, thym, de la sauge, un peu de piment d'Espelette, une branche de romarin dans le ventre, sel poivre, persil le tout version papillote à 180° pendant 30 minutes.
Elle cherchait désespérément un Riesling AB pour lier le vin et l'accompagner.
Je ne voulais pas qu'elle reparte chez le caviste du coin parce qu'elle m'avait mis l'eau à la bouche.
Je me souvenais du Périgord vert où des pisciculteurs venaient du haut Limousin pour nous vendre des truites au restaurant. Sur le zinc du bar, il nous avait suggéré que l'acidité du cidre du Limousin, c'était sensationnel pour marier la truite poêlée aux amandes effilées, dans un patois digne des films en noir et blanc de Gabin.
Sans trop de convictions pour la daurade,
Je lui demandais de me suivre dans le rayon "Bières", en face du linéaire, je lui présentais un cidre brut artisanal du Limousin, estampillé AB pour la rassurer.
Le regard étonné,
Essayez donc!
- Un cidre, vous êtes le premier!
Je la regardais en l'apostrophant "Un client content, c'est un client qui revient"
Quelques semaines plus tard, J'étais loin de me douter que j'allais recevoir toute la vague enseignante .





vendredi 11 avril 2025

Vibrations



j'étais parti dans la fraicheur du matin,

Depuis que je réfléchissais à ma reconquête amoureuse, "Ai no corrida" retentissait dans la voiture maintenant je me trouvais aux confins des départements de la Sarthe, Loir et Cher pas très loin du vignoble de Jasnières. 

Je savais que j'allais la retrouver mais quand? Comment pouvais-je m'y prendre? Hormis mon cœur touché par l'intuition, je voyais mes sentiments s'attendrir dans les paysages jadis traversés. 

La nature d'une femme reste toujours énigmatique, on ne sait jamais à quel moment leur ténacité flanche.

Depuis quelques mois, je cherchais le point sensible qui ferait mouche pour la faire passer par toutes les sphères de l'amour mais je crois que je prenais conscience que je pouvais la perdre à tout jamais.

Le silence me faisait ressentir le manque avec certitude où chaque instant passé auprès d'elle était un bonheur mais le bonheur c'est de s'intéresser au vide plutôt s'intérioriser car il n'y pas de vide dans le vide.

L'absence ouvre les portes de la compréhension de l'amour. Pourquoi elle et pas une autre? 

Calé dans le fauteuil de la voiture.

Les images charnelles du paradis perdu revenaient sans cesse. Quand une femme ondule légèrement sur vous pendant que vous êtes à demi couché vous offrant ses beaux seins c'est comme un soleil en cloche, ça bourdonne, tu sens la vie avant que sonne le glas.

Quand on aime, il faut comprendre car en amour il y a toujours un fil invisible même quand on est séparé.

Le mystère de l'amour nous entraîne loin, très loin On ressent ces choses là, ça tiraille même si ça ne s'éclaircit pas comme on le souhaiterait. 

La réponse sonne toujours dans un face à face spirituel où les sentiments dansent dont jaillissent finalement de ce qu'on a de plus pur la vulnérabilité.

Sur ces pensées, je remontais le son, la route était belle.



lundi 10 mars 2025

Les bouts du monde

  Depuis mes 17 ans, je pensais être habité par un grand vent romantique qui m'accompagnait partout comme une sorte d'effluve qu'on respire naturellement.

Les bouts du monde,
Dans les endroits calmes, quand le sillage navigue sur une ligne d'horizon.
Un matelot qui attend,  qu’on lui jette une fleur par-dessus-bord.
Comme cette charmante sirène clapotant sur les flots grinçants.
Sculptée à la proue. D’une blonde peignée, en équilibre avec le ciel. Regarde de ces yeux moqueurs. Les conquérants emportant l'incroyable litanie des voyageurs.
Fascination étrange qui échevelle dans les nuages les voiles d’évasion.
Claque le vent, sur fond d'azur, les pensées amoureuses franchissant la couleur du cap de Bonne Espérance sous le déluge d'histoires de cap engloutis, de havres battus et de récifs semés d'embûches.
Plutôt un océan qu'on dénude, la perle rare, au risque de la perdre.
Rejetant par saccade, le catogan des vagues éphémères que le vent ébroue.
J'avoue, le fracas des brisants n’avait point soufflé par-dessus les dunes. Et, malgré les coups de mer, les cheveux ébouriffés tel un aventurier au visage mouillé dans le vacarme assourdissant.
Mon cœur resterait intact dans les déferlantes de mon imagination.
Le chant des sirènes n'allait pas tarder.


Quelques années plus tard, 
Dans une salle d'attente médicale, le jour, où je suis tombé sur ce fichu article de morphopsychologie.
Mon rêve s'est effondré comme un jeu de paume.
Parfumé, d’une légère odeur d'eucalyptus, je feuilletais quelques pages d'un magazine dans le confortable fauteuil rotin. Là, j'me suis attardé sur un passage des signes de la main.
Etes-vous pouce gauche ou droit?
J'ai fait le test.
J'men souviens encore...J'ai croisé mes mains, décroisé et recroisé celles-ci.
En observant bien la position des mains. Constatant que le pouce droit se superpose sur le gauche comme sur la photo.
Histoire de voir si ce n'était pas un coup du destin, j'ai fait le sens inverse.
(Nul doute, j'étais mal à l'aise. Un truc contre nature)
J'ai recroisé mes mains retrouvant ainsi ma position naturelle, comme un enfant qui s'amuse.
Moi qui pensait être de dernier des mohicans, le style de mec qui ne communique que par signaux de fumées. Perdu dans les fjords les plus isolés à la recherche d’une indienne sans ombre. Mordu par le clapotis et poussé sans cesse par les alluvions et les sédiments du rêve.
Je suis tombé des nues en lisant l’article.

Vous avez une prédominance pour la raison, prenant peu de risque en amour.
Dans un choix crucial, la raison l'emporte toujours sur les sentiments.

dimanche 23 février 2025

Le Homard bleu






Le cadre du restaurant me plaisait, les tons feutrés aux couleurs bleutées de la mer me transportaient dans la douceur marine des beaux jours.

Je redécouvrais la sensation de confort, les tables rondes espacées, le service hôtelier à la française.

A l'approche de mes 30 ans, je sentais peu à peu ma vie affective se stabiliser.

Sur le trajet, à travers le verre securit, les images de bien être m'envahissaient.

Même si pendant la balade après le dîner les cœurs n'avaient pas tangué sous un soleil complice qui s'effondre au bout de la jetée.

Abandonnés comme les amoureux qui attendent que les Hurlevent les emportent sur une mer déchainée. 

Je ne brusquais pas les choses,

Elle n'était du genre à regarder le monde tourner comme un cerf volant.

Je savais qu'en haut de la falaise le rouge lui monterait au front. Le fracas des brisants déposerait sur le contour nos lèvres, un air iodé.

Sur la baie figée, elle revendiquerait son instinct.

dimanche 9 février 2025

Ma plus belle nuit d'amour




C'était les bords de Seine,

J'm'en souviens très bien.
J'étais parti de bon matin, un dimanche d'avril.
Son visage m'avait d'emblée séduit quand je l'avais rencontré lors d'un stage d'hôtellerie.
Après Pontoise, La campagne était verdoyante,
D'admirer ces beaux villages en pierres, en suivant,
La route sinueuse à travers la campagne vallonnée où
des shetland paisibles, attendrissants, égayaient mon cœur dans la prairie.
Je me souviens encore de sa posture en cueillant l'herbe, Ambre figée.
Cette vision naturelle comme l'impression de voir une femme d'une autre époque.
Whoua ! Quelle idée géniale, 
J'avais choisi en décor de fond le château de la Roche Guyon et le guide du routard me porterait chance pour l'escapade amoureuse.
Depuis ma chambre d'habitant, la veille, je pouvais suivre de long en large le panorama de la route des crêtes. 
De mon lit, je voyais déjà la Seine.
Éclairé avec soin, le voyage initiatique du chevalier comme un avant-goût.
Comment suivre les marches du château à travers la roche calcaire pour accéder enfin au donjon? Endroit panoramique sur les méandres du fleuve à 360° pour commémorer la romance.
Une journée inoubliable où je jubilais ma perspective amoureuse sur les bords de Seine illuminés.
Quand la soirée serait fraîche après les agapes, il suffirait de coller mon corps contre sa poitrine.
La lune ronde éblouissant mes pensées divinatoires.
Telle une dernière nuit en tête à tête.
Ne la quittant plus des yeux dont l'atmosphère de ma chambre m'enveloppait avec l'impression d'être pour la première fois le gardien de ses rêves.
Si le bonheur ou les choses mystérieuses s'ouvrent comme une histoire en mouvement. D'instinct, je ressentais cette sensation étrange.
Le lendemain, je découvrais la route des crêtes.
et le beau village de la Roche Guyon.
Qu'il était imposant ce château adossé à la roche crayeuse,
Les parquets, les toiles murales en tissu,
Ces tableaux qui illustraient les visages de la famille de La Rochefoucauld dont je ne savais la particularité tout en faisant mine de m'intéresser.
Ce silence des pas sur le parquet, cette odeur de cire ancienne. Ces grandes fenêtres.
Malicieusement, j'attendais l'accès des marches pour franchir tous les paliers d'ascension.
Du haut du donjon, je dominais la Seine avec la Dame de Monsoreau. 
Moment délicieux pour savourer quelques heures intenses avant que mes mains effleurent ces hanches fines pour remonter doucement sur son territoire où je déposerai les fleurs de lys sur le blason de son cœur en bon seigneur.
" Quand une femme vous regarde droit dans les yeux ! Il faut rester concentré sur les choses à venir."
Et le menu, je l'avais étudié,
Martini rosso dans les verres long drink pour frapper la notion de désir dans le cadre sympathique du restaurant ;
Fasciné par sa voix douce, je ne réalisais pas,
Et oui, avec les femmes, il faut être ni en retard ni trop en avance.
Mais l'heure avait sonné.
Hélas vite apostrophé par le maître d'hôtel qui m'avait réveillé pour énoncer le
- Foie gras et ces toasts, fleur de sel de Guérande accompagné de sa petite sauce verte melon pour madame.
- A suivre, une sole meunière avec les petits légumes vapeur.
Et face à lui, encore perdu dans les nuages.
Indécis,
- J'avais choisi des moules marinières
- Un filet de bœuf, frites maison.
Comme l'impression de ne pas avoir fait le bon choix où les mets de poissons étaient pourtant réputés nobles.
La sentence n'allait pas tarder, le seul au milieu du restaurant avec la grosse marmite noire posée sur la table. Sentant le regard des autres clients se posaient sur moi. Peut être, j'avais fait une bêtise?
De plus, c'était des grosses moules et je voyais Ambre se délectait de son foie gras avec la pointe de son couteau nappant quelques cristaux fleur de sel sur le toast.
Pendant que je me bagarrais à la cuiller pour chercher des lamelles d'oignon au fond de la marmite.
De plus, ça commençait à me gargouiller,
J' me disais :
Qu'est-ce qui m'était passé par la tête?
Heureusement, le Pouilly fumé était frais, minéral comme je l'aimais pour citronner mes lèvres.
Je sentais la seigneuresse être entre bonnes mains.
J'entamais donc mon chemin de ronde par regard successif, touche subtil de silence pour luminer mon blason de séducteur.
Suivait la belle sole appétissante dans son beurre noisette persillé destinée à ma dulcinée.
D'un geste délicat, la voyant décoller méticuleusement la ligne osseuse du poisson avec le dos de la fourchette en même temps que je mastiquais un morceau de viande dont je n'arrivais pas à déglutir.
Mon visage blême, hochant la tête constamment sans prononcer un mot avant de saisir discrètement la serviette blanche en tissus pour dissimuler cette boule de viande qui me dégoûtait.
De plus, mes mains sentaient l'odeur des moules. Et par-dessus le marché j'ouvrais le sachet rince doigts qui puait le liquide vaisselle.
Je n'étais pas à l'aise. J'avais des nausées.
Je perdais peu à peu la trame chevaleresque
Sans doute devait elle se dire ce mec est bizarre?
Bien silencieux, maladroit, peut être timide?
J'attendais impatiemment le dessert.
- Le café gourmand arrivait pour Ambre.
Je revois encore ces petites mains piocher délicatement les mignardises. 
Geste gracieux qui éveillait ma jouvence.
Avant de prendre le frais, j'avais choisi la sonate de printemps. Histoire de mettre ma bouche en préparation exquise. Enfin les sorbets aux fruits arrivaient à point pour m'enlever ce goût d'oignon.
Le temps de régler l'addition au bar, ma main posée sur mon ventre,
J'étais monté vite illico pour prendre les premières toilettes. Un mal à me tordre où je voyais le papier de toilette diminuer à peau de chagrin.
Et le temps me semblait long.
Enfin soulagé, je sortais, l'air penaud.
Ne la voyant plus dans le vestibule du restaurant.
Sur le parking. Collée à la voiture,
Elle m'attendait tristement.
Pas de doute, je lui avais fait de l'effet...

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