dimanche 29 mars 2020

Futuroscope




Je m’étais confortablement installé dans le fauteuil comme les spectateurs avec les lunettes 3 D.
Emporté par le cinéma dans le style des années 30 par ces femmes longilignes.
Cambrées dans leurs robes courtes, l'allume cigarette au bout des doigt, la coupe garçonne avec le collier de perles qui fait briller la luisance de la peau, n'attendant plus que dans la prunelle, l'instant tango qui les enflammerait dans le cabaret enfumé de Buenos Aires.

L'aviateur n'allait pas tarder à décoller....
Ce zinc qui allait s’échouer dans la Cordillère des Andes. Au même moment dans le décor de la cuisine, son épouse préparant un plat en compagnie de son chien Looping.
Le vent et la pluie cognant sur la fenêtre.
Comme pour annoncer,
Les pétarades de L’engin… Le clair-obscur. Vertige dans les déferlantes...Pour se dire que c’était un peu sorcier de prendre l’avion à cette époque et qu’il  fallait vraiment être courageux pour conduire ses drôles de zinc de l’aéropostale.
Et l’homme, pas si malin que ça ...Malgré la chance d'être en vie. S’extrayant de la carlingue après 36 heures de tempête de neige.
Esseulé dans l'immensité, regardant à perdre de vue les grandes étendues de blanc.
 (J'me disais bonhomme, je ne voudrais pas être à ta place).
Mais de voir ce héros partir à la conquête de l’inconnu, bagage à la main., costume en tweed.  Prêt à franchir les limites de la conscience. Quand même, il n’y a que le sens de l’instinct qui pousse l'homme dans ses retranchements.
Moi qui n’avait jamais lu en entier le bouquin  de « Terre des hommes » ou juste quelques bribes au collège me rappelait ces héros oubliés qui resurgissaient.

Dans une nature hostile, en plein blizzard,
Le voyant s’agenouiller dans la neige, se relever d’épuisement. En soliloquant  le nom de " Noëlle"  une suissesse aux traits doux pour que sa femme puisse toucher l’assurance-vie, (Pendant que celle-ci, calfeutrée,  inquiète dans la lumière douce du salon, écoutant la météo à la radio.)
Continuant dans la neige, se remémorant dans le froid atroce que la prime d’assurance ne peut être versée.  Que si le corps de l'homme est retrouvé.
Se roulant dans la neige, les gelures au corps où dans ces conditions, le temps paraît une éternité.
Les doigts esquintés, escaladant les parois rocheuses pour encore franchir trois cols, et finalement rejoindre le premier village habité.
Au prix de la vie suprême, exténué de force. Finalement retrouvé par un berger et son fils (je crois même que le plus courageux des homo ergaster n’aurait pas fait mieux).
Cinq jours d’un combat avec le mental, l’animalité dans sa totalité avec le doute de la mort.
Il y a  tout ce sens, que j’appellerai  ici « folie » de tout ce qu'on peut faire par amour.
Quand il tombera dans les bras de son ami Antoine de Saint-Exupéry,
Il ne pourra s'empêcher de dire...
« Ce que j’ai fait, je te le jure, aucune bête ne l’aurait fait »

mercredi 18 mars 2020

Marie


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Le soleil détrempe le jaunet des bâches que reflètent les ombres sur le mica des tables bistrots où le lierre s'étale sur les petites briques rouges des maisons à pans de bois.
Sur la petite place, un ciel printanier réveille les pensées de Marie qui boit son dernier café express.
Aujourd'hui, l'étuve parfume les robes à fleurs que caressent furtivement les premiers passants.
L’air triste, Marie suit et regarde un bouquet de jonquilles rond comme un bouquet champêtre, un plein soleil qui ne ressemble plus aux tournesols.
Peut-être, une averse de nuit. Détrempée de solitude.
Sans tige, quand les pensées ne sont plus que des boutons de lune.
Que les chalands piétinent.
A la terrasse, elle s’est levée pour oublier l’odeur du blé vert encore habité par les vents.
Ce jeudi, à l’arrêt d’autocar, la bise donne un léger flottement d’élégance à sa posture malgré sa robe jaune pâle. Celle que l’on teintait autrefois avec des pelures d’oignons.
La couleur pauvre qui habille les jeunes paysannes avant qu'elles ne partent pour la ville.
Hier, elle a jeté son épingle à cheveux dans la petite fontaine. La tradition promet un mari dans l’année, si pièce ou épingle tombe dans la source.
Il y a deux ans, une lettre a torpillé son cœur. Un fiancé perdu dans la guerre d’Algérie s’il n’avait pas rencontré Mathilde.
Ce matin, la rêveuse embrasserait les ombres à tue-tête.
Marie est ce merveilleux bout de femme qui ressemble à l’Eure avec ses brumes matinales. Juste le soleil quand il pleut, dans la rosée tendre où la lumière passe à travers les êtres.
La veille, à la petite source, Marie a trempé ses doigts dans l’ambre gris laissant le bouquet s'éparpiller dans l'eau vive pour croire aux mystiques saisonnières de la vie.
A Lyons la forêt, les tables bistrots n’attendent pourtant que les amoureux.
Soucieuse, se souvient- elle des jeux de paume? Les serments des lignes de la main? L'ombre qui caressait ses cheveux à l’heure du midi?
Ce regard qui lui promettait monts et merveilles?
Les belles paroles spontanées qui enchantent le coeur et percent la raison?
Au loin,
Elle aperçoit l'autocar...

lundi 16 mars 2020

Fattouch


Je ne sais plus si c'est à Beyrouth ou en France dans un restaurant libanais que j'ai découvert cette salade composée mais j'adore vraiment cette entrée quand il fait chaud. Le croquant des pignons de pin, la façon d'accommoder ces petits morceaux de pain en forme de galette, légèrement dorés, chauds que l'on rajoute juste avant de servir, d'ailleurs qui manque sur la photo,
Tous ces ingrédients amènent la fraîcheur méditerranéenne en bouche.
Comme disent  les Libanais, "Qui n'a pas goûté le fattouch, n'a pas goûté le Liban"
Un bon Tavel ou un Côte de Provence rosé bien frais pour démarrer la soirée, voilà  un menu dégustation,
C'est pourtant pas le Pérou de faire ce genre de plats à la maison.

Il ne manquerait plus des aiguillettes de poulet grillé mariné citron - menthe façon libanaise pour un homme averti. Pourquoi pas en apéro du caviar d'aubergines, de l'hommous? Tremper la galette dans les coupelles en regardant sa bien aimée, c'est très sensuel, je trouve.
Et pour finir ah ah la pâtisserie libanaise avec ses cheveux d'ange parfumés, le feuilleté à la pistache, noix de cajou, pignon et amande que l'on  nomme "Baklawa", les loukoum à la rose, à la pistache. La fleur d'oranger que l'on devine subtilement en dégustant.
Les gâteaux de semoule, miel,  amandes le tout servi avec un thé à la menthe. Là, ça serait le bouquet.
Un café turc par dessus, histoire de ne pas s'endormir,  la cuisine libanaise rien que d'en parler me donne des idées...



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