Dégommer une vieille boite de conserve. Un chamboule tout. Tu mets ton poing dans mon gros orteil pour inventer cet air ahuri, ventriloquer des minauderies de petit garçon à qui on aurait chapardé des sacs de billes. Mais je reste de bois, Pinocchio au pays des jouets et des mensonges.
jeudi 25 février 2021
Marionnette
Dégommer une vieille boite de conserve. Un chamboule tout. Tu mets ton poing dans mon gros orteil pour inventer cet air ahuri, ventriloquer des minauderies de petit garçon à qui on aurait chapardé des sacs de billes. Mais je reste de bois, Pinocchio au pays des jouets et des mensonges.
dimanche 21 février 2021
La lande
Depuis ce matin, j'arpente la lande. Même si je devine le printemps léger qui éclate en silence. Je suis sûr que ton ombrelle n'a pas encore quitté le port ni l'expression figée du premier rendez-vous.
mardi 16 février 2021
Les Johnnies
Les journées étaient longues, il ne fallait pas oublier les gourdes d’eau pour s’asperger le cou et le visage.
La séparation durait six longs mois.
C’était sa 22ème traversée sans interruption. En l’an 1927, ce juillet,
Pour la première fois, son fils Augustin âgé de 10 ans sillonnant avec lui la campagne. Se remémorant au même âge, la besogne difficile, marchant à pieds avec son père un bâton sur le bâti des épaules qui avait fait de lui, à présent un gaillard.
Ils étaient originaires de Tréguier qui était assez éloigné du pourtour de Roscoff.
Le Guénidec, trente deux ans, le béret bien enfoncé, au loin leurs bicyclettes, où des tresses d'oignons roses dégringolaient du guidon jusqu'au garde de boue.
Ces vélos qui davantage ressemblaient à une chenille se faufilant au milieu des prairies vertes.
Parfois, à côté des fleurs sauvages, il n'était pas rare d'apercevoir les vélos et les bérets éparpillés, tout en haut des falaises blanches.
Le vent du nord parfumant les cheveux sous un ciel étoilé qui émerveillerait Marie de l'autre côté de la Manche. La paimpolaise n'ayant pas sommeil, veillant sur la mèche emboutie.
vendredi 12 février 2021
Première vendange
En ce début d'automneLe Loir s'est assoupi
Dans les brumes matinales
Augustin est pensif
Une aile sauvage zigzague
Louise en robe légère
frissonne dans un manteau de vigne
Des odeurs d'acacias, d'abricots
Détalent du jardin quand elle s'approche
Dans l'instant, lui savoure les épices douces
La cannelle qui se mélange aux écorces d'agrumes
Et soudain, il voit des fruits en grappes s'enivrer de fleurs blanches
Et soudain, il imagine un soleil rougir de plaisir
Quand le matin berce les rosées tendres
D'un ciel éméché
jeudi 11 février 2021
Un échec
…/…
mercredi 10 février 2021
Dernière lueur
Dernière lueur sur les planches en bois d'azobé
vendredi 5 février 2021
Un échec
« Allons donc, c’est stupide de dire ces choses-là ?
mardi 2 février 2021
J'ai toujours aimé les casses croûtes
D'une vie qui ne manque jamais de sel, on la voudrait parfois pétrie autrement que roulée dans la farine.
Y mettre un soupçon de levure, histoire de la voir gonfler. La sentir un moment bien croustillante. Dorés sur sa croûte, moelleuse dans sa mie, sans en perdre une miette. La vivre avec ses gruaux mais sans grumeaux, la vivre comme un vrai pain de campagne (ou un vrai parisien pour les citadins)...
A chacun sa vie, à chacun son pain, à chacun sa douleur... Qui sommes-nous? Avec nos nerfs en boule, parfois menés à la baguette par ceux qui, au boulot, tiennent les ficelles. A danser, bonne pâte, la polka sur un air viennois les jours heureux. Bâtards d'une vie que l'on passe à jouer des flûtes et se dorer les miches comme des mitrons. Simples apprentis endormis au fournil, attendant sans cesse la fournée du lendemain. Pour un pain de tradition, un pain fantaisie, un pain complet. Mais quignons aujourd'hui, nous finirons tous vieux croûtons demain, ceints d'une couronne et vendus pour une bouchée de pain le jour du Grand Miracle. Mais encore combien de navettes avant de finir dans la corbeille? Combien de nuits avant de finir au pain sec, grillé pour l'avoir tant gagné à la sueur de notre front? Même si parfois, apparaissent quelques épices dans notre pain quotidien. Sans personne pour nous le retirer de la bouche. Sans le deviner perdu ou étalé comme un vulgaire sandwich sur un coin de table les jours de misère. Car avec tout ce que l'on se tartine, nos vies en tranches, mises à sac, ne se vendront jamais comme des petits pains. Qu'on nous huche, rien ne peut vraiment aujourd'hui nous sortir du pétrin...
Le jour où vous êtes rassis, c'est que vous êtes trop vieux! Alors si la vie vous paraît longue comme un jour sans pain, croquez-la! Mais pour celui qui mange le blanc en premier...
(texte Jonavin)
lundi 1 février 2021
Afrique
Tu n'es toujours pas réveillée. Comme toi j'ai quitté la ville sépulcrale; cette aube au pastel jetée le long des riches avenues. Une arachide torréfiée corroie ta peau nue et moite.De la savane où à hauteur de paume, je caresse l'herbe à éléphant, s'embrase un soleil d'ivoire. Crinière flottante, tu te blottis à ma brûlure. Dors petite Afrique, dors encore.
Longtemps, j'ai sillonné les rides de sable, ravins définitifs que mon doigt pistait sur les plissements du front. En voyageur solitaire, d'une pyramide nasale, j'ai appris le tombeau de tes respirations secrètes. L'ombre du désert, les dunes en croissant surlignant tes paupières closes. Mais surtout la colère du Nil et ses felouques à joue, le temps des crues.
Ici, l'hiver emprisonne les brumes glaciales. Triste Carthage, mes indigènes refusent toute pluie bienfaitrice. Celle qui nourrit pourtant le coeur des hommes, la terre sacrée des ancêtres.
Esclaves, ils ont des noirs méduses qui leurs cachent l'offrande du ciel. Mais peut-être que l'indigo du tien vole à l'éclat des grands anneaux, la manganèse et l'or de Galam. A la saison des pluies, c'est la kora des griots mandingues qui arpègent le delta de tes yeux. En saison sèche, le sitar de Khasim l'égyptien, dont le souffle barbare, capable d'allumer des brasiers au fond d'un murmure, consume tous les maléfices. Dors Petite Afrique, dors encore. Avec tes rugissements de lionne. Arraché de l'animal totémique, serpent scarifié et venin dans le dos, je m'abandonne un instant à ton génie protecteur. A celui qui se love en sifflant quand je promène ma virilité guerrière autour de tes hanches.
Au bal des Signares, reine mulâtre, tu m'as racontée l'île de Gorée. Pendant des mois, j'ai suivi une caravane fantôme. Les bijoux tatoués de ta nuque. La gorge du Zambèze, sauvage et profonde jusqu'à la chute de reins prévisible. Missionnaire, Levingstone, j'explorais là, les jaillissements d'écume, la sueur de ton corps exsudant les cataractes avec l'esprit d'un guerrier Massaï. J'ai vaincu le bush, Kalahari, ses croûtes de sel dans l'ombre furtive d'un Rimbaud. J'ai vaincu le secret des femmes-girafe, celui des clans disparus, les pygmées de la sylve équatoriale. Voyage initiatique, d'aucuns pensaient que j'avais le pouvoir d'être invisible. Pour toi, oui, je l'étais.
Tout comme le langage rituel des masques Dogons, j'ai appris d'autres dialectes.
Tes racines, tes mystères, les odeurs de souffrance, les cris du ventre.
Les omoplates, plateaux abyssins où mes doigts courent sans cesse n'ont rien d'un safari. Dors Petite Afrique. Dors encore.
Excisée, maraboutée, par tant d’ensorceleurs, ta sauvagerie envoûtante ne charrie plus l'âme des tambours. Même si je les entends battre ce matin. Comme un chant d'espoir, un chant d'adieu.
Je me suis endormi à la pleine lune de ton nombril. Dans la syncope du Djembé qui rythme le coeur, j'entends les battements du monde. Nombril de cornaline, de peinture et de sang mêlés. Petite Afrique, ton enfant à venir a déjà faim.
Combien de pistes encore, de steppes infinies, de montagnes et de plages où je m'épuise à te découvrir si belle? Combien de courbures, de galbes dans la mosaïque de ton corps offert? J'ai traversé Soweto, quelques huttes zoulous, la rébellion et l'injustice de tes rêves agités. Et soudain, dans le mouvement de tes yeux qui s’entrouvrent, j'aperçois, face à la mer, ton cap de Bonne-
Espérance.
Texte Jonavin