mardi 28 février 2023

La Dame de Montsoreau

 iL y a toujours ce bouquin de la « Dame de Montsoreau » sur mon lit. Et je n’aime pas lire.

S’il y avait une fête populaire au Puy Notre Dame, au moins je t’emmènerai voir les fameuses galipettes, oui ces champignons de Paris que l’on cultive dans les galeries Saumuroises.
Ils sont énormes parce qu’on les laisse pousser plus longtemps. Et puis un jour, la tête tombe pour se rouler. Alors, on les ramasse pour les faire griller sur de grands barbecues, accompagnés d’un beurre d’escargots que l’on déguste avec des fouées.


Tu sais, ces petits pains cuits au feu de bois, garnis de rillettes, de mogettes, de fromage de chèvre ou de beurre salé.
Perdue, au milieu de ces grandes tablées aux fumées odorantes.
J’aime quand tes lèvres goûtent le vin framboisé. Dans l’instant, tête rêveuse je te vois en robe légère t’allongeant au bord de l’eau. 
Le pont de Gennes, magnifié par une coulée de lumière où j’imagine, le premier rendez-vous. L'ombrelle habillée de noir ouverte comme un parapluie qui tourne comme une fleur agitée.

Attendant que le soleil touche la main. 
Paupières mi-closes,
Depuis la chambre
, j’écoute la pluie…

dimanche 26 février 2023

Premières vendanges





En ce début d'automne

Le Loir s'est assoupi
Dans les brumes matinales
Augustin est pensif
Une aile sauvage zigzague
Louise en robe légère
frissonne 
dans un manteau de vigne
Des odeurs d'acacias, d'abricots
Détalent 
du jardin 
quand elle s'approche
Dans l'instant
savoure 
les épices douces
La cannelle mélangée
aux écorces d'agrumes
Et soudain
Il voit des fruits en grappes 
s'enivrer de fleurs blanches
Et soudain
Il imagine 
un soleil rougir de plaisir
Quand le matin
berce les rosées tendres
D'un ciel éméché 

jeudi 23 février 2023

Cette Jasnières

 



Parrfois dénommée Valentine, je l'imagine blottie en Val de Loire.

A cet endroit, les rêves sont caillouteux, riches en argile à silex, ce qui lui confère un goût de terroir différent. Un goût distinctif pour chaque parcelle visitée. Voilà une jasnières normalement sèche avec un moelleux souvent subtil qui, à chaque dégustation ravive l'histoire de l'Homme.

D'ailleurs, je ne me suis pas trompé,
C'est une jasnières qui sait vieillir.
Par exemple :
... Une valentine de 67  foudroyée par Boppe en 1985 dans la forêt des Carnutes reste une curiosité à visiter.  Si d'aventure, votre imagination déborde, sachez que son bois de flottage issue des marine de guerre royale a su conserver des notes minérales de pierre à fusil et des arômes délicats qui restent malgré le poids des ans ,
d'une fraîcheur exceptionnelle,

Quoiqu'il en soit, profitez d'un début d'automne pour apprécier le chenin mûrir sur son côteau. Dans les brumes matinales, le raisin se gorge de sucre, favorisé en cela par un champignon accélérant le phénomène. Alors, avec infiniment de douceur, et réchauffé par la lumière naturelle du jour, vous verrez le fruit en grappes s'enivrer de miel et de fleurs blanches à travers l'alignement des vignes.

A la dégustation, ce qui intrigue, c'est d'abord sa robe de couleur foncée. A la première gorgée, vous avez l'impression qu' un soleil des Highlands fond dans votre bouche. Comme la neige sur une lande écossaise, mélange de whisky et de bruyère.
Cette jasnières de la Sarthe, caressée sans cesse par le soleil, cachée des méandres du Loir . Par sa complexité d'abord, son goût épicé. Et à la manière de délivrer des parfums intrigants qu'on s'imagine appartenir à un clan.
Du soleil, elle garde une note fruitée de coing, d'arômes citronnés. Un vieil or à reflets qui vous entraîne loin, sur des territoires inconnus.

Un conseil, mariez-la avec la lumière du jour,  Accompagnez-la de quelques nuits vapeur et pourquoi pas, à la lueur d'un bivouac improvisé?
C'est une tendresse qui mijote au coin du feu des hommes. Certains gourmets l'associeront à des coquillages mais dans l' absolu, dégustez-la  NATURE.

mercredi 22 février 2023

mercredi 15 février 2023

Quand viendra le printemps


 
Un autre disciple lui dit : " Parle - nous de ce que tu ressens dans ton cœur en ce moment même. "Il regarda cet homme, et l'on percevait dans sa voix comme le chant d'une étoile lorsqu' il répondit : " Quand vous rêvez éveillés, si vous vous taisez pour être à l'écoute de votre moi le plus intime, vos pensées, comme des flocons de neige, tombent et tourbillonnent, recouvrant d'un blanc silence tous les bruits de l'espace qui vous entoure.
" Et que sont ces rêves en éveil, sinon des nuages qui bourgeonnent et fleurissent sur l' arbre du ciel dans vos cœurs ? Vos pensées ne sont - elles pas aussi des pétales de fleurs que les vents de votre cœur répandent sur les champs de collines ?
" Comme vous attendez la paix jusqu'à ce qu' en vous l' informe prenne forme, ainsi les nuages s'assembleront et dériveront jusqu'à des Doigts Bénis façonnent leurs désirs gris en petits soleils, lunes et étoiles de cristal. "

Alors parla Sarkis, celui des disciples qui doutait un peu : " Mais le printemps arrivera, dit-il, et toutes les neiges de nos rêves et de pensées fondront et n' existeront plus."
Le maître lui répondit : " Quand viendra le printemps, pour chercher sa bien-aimé dans les bocages assoupis et les vignes, la neige fondra, certes, et se précipitera en torrents pour rejoindre le fleuve dans la vallée et offrir une coupe de fraîcheur au myrte et au laurier.
" De même, la neige de votre cœur fondra, elle aussi, quand votre printemps sera là, et votre secret se précipitera lui aussi en torrents pour chercher dans la vallée le fleuve de la vie. Et le fleuve emportera votre secret jusqu' à la mer immense.

" Toutes choses se dissoudront et deviendront chansons avec l' arrivée du printemps. Même les étoiles, les gros flocons de neige qui tombent lentement sur l' étendue des champs, tout se fondra dans la musique des ruisseaux. Quand le soleil de Sa face apparaîtra au-dessus du large horizon, quelle harmonie glacée refusera de se dissoudre en mélodie liquide ? Et qui, parmi vous, ne souhaiterait offrir une coupe au myrte et au laurier ?

" Hier encore, vous voguiez sur la mer mouvante, vous vous sentiez loin des rivages et vous n' étiez pas vraiment vous-mêmes. Puis le vent, le souffle de la vie, le visage caché sous un voile lumineux, vous enveloppa, vous saisit, vous façonna, et, la tête haute, vous avez dirigé vos regards vers les hauteurs. Mais la mer vous suivait et son chant résonne toujours en vous.
Bien que vous ayez oublié les liens qui vous unissent, elle revendiquera toujours son titre de mère et toujours elle vous appellera vers elle.

" Lorsque vous errerez par les montagnes et les déserts, toujours vous vous souviendrez de la profondeur et de la fraîcheur de son cœur. Et bien que souvent vous refusiez de le reconnaître, c'est vraiment à la houle de son immense paix que vous aspirez.

" Comment peut-il en être autrement ?

Dans les bosquets et les charmilles sur la colline, quand la pluie danse dans les feuillages, quand la neige tombe - C'est une bénédiction et le signe d'une alliance - ; dans la vallée, lorsque vous menez vos troupeaux à la rivière ; dans vos champs, où les ruisseaux, comme des bandes d'argent, strient les étendues vertes ; dans vos jardins où la rosée du matin reflète le ciel ; dans vos prés, quand la brume du soir voile à demi votre chemin : en tous ces lieux, la mer est avec vous ; témoin de votre héritage, elle implore votre amour.

" Il est en vous le flocon de neige qui court vers la mer "

Khalil Gibran (extrait Le Jardin du Prophète)

lundi 13 février 2023

La tapisserie de l'Apocalypse




Elle était montée in extrémis dans le train.

Encore secoué, 

Heureusement, il y avait le jardin du Mail pour reprendre mes esprits.

Pour ceux qui ne le savent pas, l’Alaska est un cocktail qui vient du grand nord.
Un goût fort que j’avais goûté dans l' après-midi. La Chartreuse était belle dès que je l’avais aperçu en jean et tee-shirt blanc. M'apostrophant de son délicieux accent, pour me demander l’horaire du château.
C’était une jeune fille au pair Irlandaise attendant de visiter la tapisserie de l'Apocalypse.
Etudiante en histoire, spécialisée dans l’art roman. Je me souviens encore la voir assise sur le muret en train de déplier sa grande chemise cartonnée dont je reconnaissais des gravures d’eaux fortes de l’Eglise de Cunault.
Pour la première fois, je sentais la chaleur montait dans le bas de mon dos.
Les mains moites, la gorge sèche,.
Dans un élan de générosité,
Je lui proposais la visite guidée des lieux. Elle avait accepté à condition que je la raccompagne à la gare de Saint-Laud pour le TER de Saumur.
Je connaissais un peu les aspects extérieurs du château Roi René. Depuis deux semaines, je me gargarisais l’esprit avant de prendre mon service pour tuer le temps.
J'’avais choisi le médiéval,
Dans l’hôtellerie, la notion de service, linguistique, commerciale, technique et relationnelle est importante pour gagner plus en pourboires. J’avais beaucoup de retard par rapport à mes collègues qui maîtrisaient l'art de séduction. Tous ces branquignoles sortis tous frais des écoles hôtelières, formatés à la sauce mielleuse. Comment pouvais je rivaliser?
Forcément, je manquais d'automatisme, de connaissances, il fallait bien que je rattrape ce laps de temps pour les concurrencer.
Et pour réagir,
Chaque après-midi, depuis les marches, assis dans la galerie, je contemplais les groupes, fasciné par l’aisance des interprètes, leur éloquence, la façon de répondre avec tact, cette persuasion fine conjuguée à tout ce savoir, ce raffinement sur l'histoire me subjuguait.
En les observant, peu à peu mon blason imaginaire se dessinait mais j’étais encore loin d’être un guide de haute voltige. A 24 ans, je possédais une carte de demandeur d’emploi. C’était gratis et je profitais de l'aubaine pour me cultiver à l'œil. 
Mes extras à La Salamandre ne débutaient qu'à 18 heures. Pantalon noir, veste blanche, liteau blanc, c'est vrai quand j'y pense, j'entrais dans le monde chevaleresque.
Bien que je connaissais les couleurs de la trame, le jaune, le rouge et le bleu, de ces décorations du moyen âge du restaurant. Les termes de la gaude, de la garance et du pastel utilisés par les vacataires en toile de fond ne me disaient rien et je me demandais comment j’allais m’y prendre avec la belle Shanna pour lui expliquer 103 mètres de long, six thèmes de vingt cinq mètres.
Je me voyais mal relatant les actes d’apôtre de Saint-Jean l’évangéliste. Avec 14 tableaux sur une tapisserie en lisse de 4,5 mètres de haut, le tout conjugué sur des visions prophétiques comme un livre ouvert sur la liturgie céleste de Jésus Christ. Comment lui révéler les nombres 7 et 666 dont je ne maîtrisais ni les occurrences ni la guerre de cent-ans en filigrane médiévale.
Je crois que je m’étais vite emporté devant les yeux de la celtique.
C’était en juin, par chance les remparts étaient là. Je commençais donc mon chemin de ronde sur la courtine, histoire de lui faire sentir la brise angevine.
Le temps était splendide.
Je faisais remarquer à Barbarella que les poivrières avaient disparu des tours au XVII ème siècle.
En effet, la Bretagne et la Normandie n’étant plus hostiles au roi de France, celui-ci avait ordonné la déconstruction du château. Seules les coiffes avaient été rasées grâce à un habile gouverneur qui avait désobéi au roi en faisant traîner les travaux.
Maintenant on pouvait admirer l'Anjou à ciel ouvert,
Elle prenait des photos.
Sur la tour nord, on apercevait le vieux pont de pierre de la Maine qui reliait le quartier la Doutre. Du signe de la main, je montrais l'endroit de l’école nationale des beaux arts, lui expliquant chaque soir, ça regorgeait d'étudiants attablés dans les bars typiques aux maisons à pans de bois dans une ambiance souvent parfumée aux senteurs d’herbes brûlées.
De fil en aiguille, j'apprenais mon nouveau métier de tisserand mais je me demandais si mes petites histoires l’intéressaient.
Maintenant, je la regardais qui s’attardait dans le jardin potager, se frottant les doigts avec de la lavande, me faisant signe de venir. Ce dont je ne manquais pas. M’offrant ses mains délicatement pour me les faire sentir comme on le ferait d’un baiser qu'on défroisse. Le cœur battant, je m'approchais doucement en la regardant dans les yeux.
La galerie climatisée de l'apocalypse pouvait attendre...

lundi 6 février 2023

Djibouti

 Short lâche,  je les avais distancés.

Courir dans la poussière des salines, aux odeurs fortes.
Je voyais encore au loin les maigres ordures que se partageaient les chiens
Ouah! Je l'avais échappé belle!
Sur la place Rimbaud, à côté du minaret, la couleur de mon cœur  ressemblait à l'aube ensanglantée.
Dans les ruelles mauresques qui menaient à la place Ménélik. Les relents de moka me donnaient le tempo dans les enjambées.
L'Afrique n'avait jamais été aussi belle à travers les trottoirs dans le dédale de mes pensées.
Pour une fois, les bars à naïas ne clignotaient pas sauf une somalienne à la démarche lente, en transparence sous le diré, attirait mon regard. 
Parfumée sous les arcades,
Je pensais à la fraîcheur du soir, aux herbes brûlées,
Aux encens où le henné dessine la paume des mains de ces jeunes femmes dont le cliquetis des fins bracelets résonnent pour charmer le soldat.
Mon regard lointain semblant oublier cette Normandie.
De l'aveu,
Je songeais à la chair brune.
Aux dessins mystérieux,
Une Afrique facile où je n'avais jamais bu autant de coca.

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