mardi 22 décembre 2020

Tout sur les Graves

 Le nom des Graves désigne tout le vignoble de la rive gauche de la Garonne en amont de Bordeaux.

L'aire d'appellation est aujourd'hui coupée en deux par l'appellation  "Sauternes et Barsac" et depuis 1987 existe une appellation  "Pessac-Léognan"
Les graves sont constitués principalement par des terrasses construites par la Garonne lors des grandes crues millénaires ayant déposées une grande variété de débris caillouteux.(galets et graviers provenant des Pyrénées et du massif central).
Les graves peuvent s'apparenter au médoc. Ils ont généralement moins de bouquet. Ils sont par contre plus corsés. Ce sont des vins de garde (entre 10 et 15 ans).
On ne les servira pas avec des nourritures trop fortes (gibier) mais avec des mets à chair blanche.
Dans un repas. On les servira après les vins blancs et avant les rouges de clôture (St Emilion - Pomerol).
Les graves rouges sont servis chambrés (14 à 16°).
Les graves blancs secs ont beaucoup de corpulence en conservant une grande finesse et une grande nervosité. Ils ont moins de nez que les Bourgogne mais sont délicatement plus fruités. Exquis avec des fruits de mer, sur des poissons grillés, 
Si vous vous trouvez en baie d'Arcachon, perdu dans un restaurant, proche des dunes de Pyla ou à Merschers dans les grottes troglodytiques avec une vue sur le plus grand estuaire d'Europe
Quel bonheur !
Astuce :
Comment reconnaître dans un rayon, un graves du nord par rapport à un graves du sud.
- 1ère indication le prix, en dessous de 10 euro c'est généralement un graves du sud, c'est écrit en lettres capitales GRAVES sur l'étiquette. Ce sont des vins à vite maturité 4 ans, plus fruité, qui s'arrondissent plus vite que le Pessac-léognan mais ayant moins de fumé et forcément moins long en bouche.(Quoiqu'il en soit, Il vaut mieux acheter un bon graves du sud qu'un Pessac-Léognan 1er prix).
Pour les graves du nord, depuis 1987 -  PESSAC- LEOGNAN là, ici c'est facile. Le prix nous fait réfléchir mais ce vin a des saveurs empyreumatiques et si vous aimez tout ce qui se lie au feu, c'est le vin par excellence... (mon vin préféré)
Idéal avec les volailles,

lundi 21 décembre 2020

Quelques vins pour les fêtes de fin d'année

 MUSCADET de Sèvre et Maine sur Lie:  C'est fin, frais et léger. Température 7- 8°. Evitez des millésimes supérieurs à 2 ans, c'est exquis avec une assiette de saumon fumé, un reste de poisson. En guise d'apéritif,  du beurre salé breton accompagné de crevettes grises, super avec une andouille de Guéméné.  « C’est bon et pas cher » Et puis le vin qui titille le bout de la langue avec les arômes citronnés en bouche, j'adore ça!

J'avais oublié le Gros-Plant, curieusement, si vous avez devant vous un grand plat de fruits de mer reposant sur un lit d'algues. Le meilleur de l'atlantique sur votre table! Avec l'odeur de la houle si particulières aux côtes de cette région sauvage, alors vous trouverez la dureté du Gros-plant qui fait pleurer les yeux accompagne étonnamment les huîtres, les coques, le crabe et le reste.)

POUILLY-FUME :  idem pour l’achat des millésimes, la période de la St-jacques,  des noix de St Jacques Poêlés avec un fondu de poireaux,  l’accord est d'une grande finesse. La minéralité de ce vin est exceptionnel.
Le bouquet de fleurs blanches parfume et les notes végétales apaisent l'esprit. (Ce parfum  "Fumé" comme les Graves ci-dessous)
Aussi, c'est une invitation avec des fromages à pâte dure de chèvre ou frais avec du bon pain au levain.

GRAVES du Sud rouge : Millésime à point 4 ans, sensationnel avec un poulet rôti froid le samedi soir, se marie très bien avec les volailles, moins cher et moins structuré en bouche que le Pessac-Léognan, cependant plus fruité, ce vin s'ouvre plus vite en maturité. Néanmoins, j'aime les saveurs empyreumatiques du Pessac-Léognan (termes qui désignent un vin exprimant des notes fumées comme un frottement de silex, pour être clair tout ce qui se lie au feu) ce goût de terroir bordelais si caractéristique se marie si bien avec éventail de magret de canard, une pintade rôtie, un pigeonneau désossé, pour faire simple délicieux avec tous les mets à chair blanche.

COTEAUX du LYONNAIS rouge : (extra avec un hachis parmentier, une ballotine de volaille, la charcuterie de votre terroir)
Pour ce vin, il faut choisir un millésime récent pour garder le fruit en bouche. Le gamay ne se conserve pas, de plus si vous aimez le style bonbon anglais pour le côté acidulé, il peut remplacer le Beaujolais.
Agréable d'avoir les saveurs de fruits rouges qui voyagent en bouche avec une souplesse et la rondeur qui s'harmonise facilement avec les plats.
Une idée gourmandise? Pourquoi pas! Tentez l'escalope de veau à la milanaise ou normande.
Température de dégustation :  12-13°

COLLIOURE  rosé :  (50% syrah - 50% grenache noir) C’est le vin des amoureux ou celui des peintres qui séjournaient au début du siècle sur la perle de la côte vermeille.
Le petit port de Collioure avec ses ruelles teintées d'ocre et de rose que reflète la lumière comme (Henri Matisse s'il n'avait pas chevauché sur le sillet d'un ciel fougueux).
Les vignes en terrasses étagées offrent un spectacle devant le visiteur époustouflé sur la route sinueuse, le regard plongeant dans le vertige de la mer bleue. C'est déjà un avant goût d'Espagne.
Dès les premières gorgées, les épices se font crescendo, ça chauffe doucement la bouche...C'est extra avec un couscous, une paëlla ou des recettes asiatiques, la longueur est accentuée par la syrah qui apporte les notes poivrées, le grenache contrebalance l'équilibre avec le cassis, framboise et groseille, toutes ces arômes amplifient le palais, s'intensifient pour finalement s'écraser légèrement sous la langue. Ca titille bien l'esprit,
Je pense également à des recettes comme des gambas flambées au cognac, des rougets à la provençale. (des trucs de ce genre)

SAINT NICOLAS de BOURGUEIL :  vin framboisé,
De préférence, je choisis comme repère la commune de Restigné sur l’étiquette, (c'est mon coup d'oeil pour le terroir). Attendre 3 ou 4 ans pour que l’acidité s’estompe, on ne les conserve pas plus de 6 à 8 ans. Que l'on déguste à une température de 14°.
 Hum...hum  par exemple - Lapin en gibelotte. Dans les marmites tourangelles, c'est souvent une recette qui mijote au coin du feu.
Autrefois, les paysans se régalaient avec une gélinotte grillée, le dimanche en famille.

SAUMUR CHAMPIGNY : C'est un vin à la robe rubis, un nez profond de violette et au goût également framboisé mais plus porté sur la cerise par rapport au St-Nicolas.
Dégustation 14° avec un porc à la boulangère, ou un poulet à la Clamart.(Ne me demandez pas ce que veut dire "à la Clamart")
Ou bien, si vous aimez la levée de la Loire, la route touristique entre Angers et Saumur.
Vous trouverez  un restaurant typique avec ses roses trémières qui vous accueillera si tout va bien après le 20 janvier dans la douceur tendre des beaux-jours ou en fraîche soirée d'été dans un caveau troglodytique, le bonheur de déguster les fameuses fouées ou galipettes (ce nom vous dit peut-être quelque chose.;-)
Eclairés à la bougie, vos visages parfumés par les senteurs du tuffeau, ce vin fruité, gouleyant où l'on imagine les déjeuners sur l'herbe...

samedi 19 décembre 2020

Champagne

 



Si vous optez pour une soirée au champagne, privilégiez un blanc de noirs millésimé. 

Somptueux avec un plateau fruits de mer, des huîtres. Extra avec des noix de St-jacques de St-Brieuc en cette période où c'est la saison, agrémenté d'un fondu de poireaux.

Sensationnel avec un Turbot, un homard breton ou un foie-gras.
Il se marie bien sur des poissons grillés, aussi certains légumes fins et des desserts légers.
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En règle générale, on boit le blanc de blancs en apéritif surtout pour ouvrir une bouche vierge et le blanc de noirs avec les mets.
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Le brut sera servi à 8° à 9°.
6° pour les doux et demi-sec.

Pour les gourmets, on se fera plaisir avec des cuvées millésimées.

Si vous êtes fauché comme moi, il y a toujours la cerise à l'eau de vie "griotte" que l'on dépose au fond du verre rempli de champagne non millésimé rosé. Après-tout le champagne a la particularité d'être bu à tout moment de la journée avant, pendant et après le repas. (Ca fait toujours son p'tit effet).
Lors d'une première rencontre amoureuse, les raffinés ne feront pas sauter le bouchon de champagne, paraît-il que cela abîme le vin?
Quoiqu'entendre ce bruit, évoque chez certains la bonne humeur.
Et puis comme dit, Gilles Martin Chauffier, la vérité, c'est une bulle de champagne, elle remonte toujours  à la surface...Mais la citation qui me fait sourire est celle de Valéry Larbaud  "Les liaisons commencent dans le champagne et se finissent dans la camomille"

vendredi 11 décembre 2020

dimanche 6 décembre 2020

Les Côteaux du Vendomois

 En ce jeudi, je découvre les vins du Vendômois à Villiers sur Loir.

Les incertitudes du matin automnal se sont estompées sur la petite place de Marçon. Le bruissement de certaines choses me fait comprendre que le temps n'a rien à voir avec le bonheur ni même la solitude. Le fait d'être seul sur le banc me donne un air de bien être pour croquer un silence de novembre au milieu des seize platanes.
Après ce léger vagabondage, je reprends mes esprits, 
Sur la route du retour,  j'aperçois un écriteau "Les Côteaux du Vendômois". Je bifurque donc sur le parking qui me semble désert.
Dès le gling de la porte, une jeune femme à la coupe garçonne m’accueille.
Je jubile, devant moi le comptoir de dégustation avec ses grands verres suspendus.
Sur le côté droit, un alignement de palettes avec des bouteilles bien rangées attire mon attention.
Pour un jeudi après-midi ! Respirer l'odeur du vin champêtre au pays de Ronsard avec le visage de "Meg Ryan" comme hôtesse de jour. Y a pas mieux pour débuter !
Pour épicer la conversation, je lui demande "Quelle est la typicité régionale du rouge"? Son débit de paroles est remarquable, fluide. En plus d'être pédagogue, la vendeuse est avenante, dynamique.
Difficile de ne pas se laisser glisser comme un chaland sur le bord du Loir.
Profitant du calme,
Elle m' invite à la dégustation pour me faire deviner la gamme du pays.

Dès les premières gorgées, les vins sont frais, ronds au goût fruité pour les rouges. Hum! la minéralité du chenin blanc, citronné en finale de bouche me plaît, faut dire j'aime bien quand ça titille un peu au bout de la langue.
Les rosés et gris ont un côté poivré qui se détachent nettement de ceux de l'anjou. Notamment ce pineau d'Aunis à la rose pâle dont ce mélange aux arômes de baies rouges et notes poivrées me rappelle ces épices douces que l'on découvre...Au détour d'un chemin...Sous un manteau vigne.
J’imagine des associations. Cette légèreté dans le palais avec la subtilité en douceur quand le vin se fait discret.
La charmeuse me fait comprendre qu’il existe pour les littéraires et poètes, une cuvée "Irène Frain".
Dans la vitrine du rayon, des bouteilles vinifiées en vendanges tardives et demi-sec existent aussi.

Pour ne pas oublier les parfums Vendômois, Je repars avec deux cartons sous les bras.
Sur le parking, l’éclat du soleil est toujours là. En allumant la radio, il ne manquerait plus que j’écoute "Eye in the Sky" d’Alan Parsons...

jeudi 3 décembre 2020

Lunago

 



Près de moi, surgit l'ombre du cordon sanitaire. Mais l'infâme enceinte qui se dresse, refoule tout sentiment contagieux. Comme prendre la défense d'un enfant. Défense contre un corps étranger attendant le moment de sa délivrance. Violenté par des passages à tabac, mon germe de vie se résume à presque rien. Je reste des heures, ainsi blotti dans l'infection permanente du crépuscule.

Dans cette cavité exsudant des moiteurs d'angoisse où je me tourne les pouces. J'ai coincé ma bulle, prisonnier de la Montgolfie - cette terre féconde, que les hommes sont venus défier. Et parce que le temps, ennemi, aime la victoire aux forceps, je m'abandonne soudain à l'ombilic du secret. Une caresse, un simple mot aurait pourtant suffit à mon bonheur. J'ai la nausée. Le feu qui couve sous la cendre me refuse déjà la maternelle. Un peu de son amour.

Le poids mort de la solitude entretient la mélancolie à l'approche de la quarantaine. Déjà maman ressemble à cette frontière qui l'éloigne de son âge. A cette charge lourde qu'elle refuse d'instinct. Elle est l'isolement de son rêve avorté. La folie d'un ventre distordu qu'elle offre aux premiers venus.

L'infâme enceinte ne pouvait s'entendre avec sa haute fidélité. Face aux beaux et hauts-parleurs, un diaphragme en lambeaux, un travail à la chaîne et finalement, ce maudit filtre de coupure où crachote encore la méchante aiguille.

Il fallait croire à l'envie. Prendre le temps de me construire, vivre de paire avec l'inconcevable. Attitude foetale, c'est tout mon corps qui flotte comme un duvet ; mais derrière la membrane vibrante, je n'entends plus le son de sa voix. Je n'entends plus la pluie de ses larmes. Je n'entends même plus sa colère. Il y a une différence entre l'embryon d'une idée et le besoin de croire qu'elle peut parfois vous délivrer. Ainsi vont les choses, en gestation perpétuelle mais souvent tuées dans l'oeuf.

Cette idée - là n'a pas pris naissance qu'elle accouche à terme. Contaminé par la maladie épidémique de ses mensonges. De sa traîtrise. De sa peur.

Doucement j'ai lâché pied. Pour arrondir mes derniers gestes. M'évanouir en fumée. Je n'entends plus le battement de son cœur. Pourquoi? Maman?...


(texte Jonavin)

lundi 30 novembre 2020

Place Saint Silain


 D'abord il y a cette clarté. L'embrasement du mur de la Cigale dilué dans un bain de soufre. Sur la place, s'écrase un ciel d'averse qui réveille l'étuve d'un marché aux fleurs. Là où les étals suant des étincelles détrempent le jaunet des tournesols. Mais c'est un plein soleil qui escalade à présent la cathédrale Saint Front ; on le devine électrique, au milieu des coupoles byzantines

Un instant Madeleine le suit du regard. Elle pense aux crépis bulbeux d'autrefois alors qu'il grimpe la tige du haut clocher. Ici, à l'ombrelle éclairée d'angélique pour le bouquet rond de la lanterne.

Au store en demi-lune coiffant la vitrine du bijoutier. Ou à celui du salon de thé, face à la fontaine étincelante.

Effeuille la marguerite que le vent emporte...sussure t-elle.

Déjà la toile de la cigale égoutte le reflet des fenêtres sur le mica des tables bistrots. Un client fume une cigarette à la terrasse. Dans ce tapage criard, Madeleine vit un court moment de tristesse. Comme un flambeau grossier de jonquilles qu'elle penche au bord des larmes pour allumer la peur de ses yeux.

Sombres pensées...

A peine onze heures. Sur les toits, le soleil n'arrive plus à faner les tuiles trop rouges. L'odeur du foin vert. Mais surtout l'herbier d'oiseaux morts qui lui trotte encore dans la tête.

Rue du petit cimetière. Madeleine brûle d'impatience.

Entre les pavés, elle pense aux soucis que les chalands piétinent. Au millepertuis pour éloigner la mélancolie ; et sur le fer forgé des balcons, à toutes ces jardinières qui font scintiller d'or et de sang les lourdes bâches ruisselantes. Entre groseille et doré, la septuagénaire pense aussi aux colchiques d'automne pour le cœur vénéneux des hommes. Image furtive mais douloureuse qu'elle étouffe dans un profond soupir.

Il n'y a pas de roses sans épines...

A la terrasse, l'homme s'est levé.

Soudain l'éclat est si lumineux qu'elle imagine un soleil torpillé dans le feu de l'eau.

A ce gargouillis de lumière, fait d'orage et d'incendie pour enflammer l'ombre des tilleuls.

Tranquillement, Madeleine dispose ses trois panneaux de carton autour d'elle. Elle y a inscrit les bribes de son histoire à l'aide d'extraits de journaux. Collé la photographie de ses enfants, celle de son mari dans leur hôtel périgourdin. Vendu. Elle explique en détail les courriers du tribunal, ses dettes. Juste l'ortie du monde irritant ses bouquets champêtres. Personne ne s'aperçoit qu'elle asperge ses cheveux d'essence. Parce qu'ici comme ailleurs, la solitude n'est pas une fleur cultivée. Une fleur de jardin.

Et la vie t'aime un peu, beaucoup, passionnément...

Sa voix est claire. Dommage. Personne ne l'écoute... à la folie, pas du tout...

Alors au dernier pétale, Madeleine craque une allumette...

(texte Jonavin)



vendredi 27 novembre 2020

jeudi 26 novembre 2020

mardi 24 novembre 2020

Tango

 Vole ta courte robe en tulle paillette et résille noire. Un boléro cache tes yeux morts. D'ici, je peux entendre claquer tes chaussures en suédé noir, gansés d'un vieux rose fané sur le talon. Et un discret lacet ruban entamer tes frêles chevilles. La lumière transpire. Comme tes pas en miroir, enfumés, lustrés, tourbillonnants.

Danse, arrabalera, danse...
Mais tu voudrais bien les envoyer valser ces heures poisseuses. Tu les sens si torrides que tu décides d'en jouir immodérément. Car ici l'entracte se résume à une odeur, une chaleur. Un relent de gomina qui flotte en toutes les pièces. Un lupanar où le noir se fait soudain brillantine. Où les chemises blanches accusent des costumes confortables. Entre cicatrices et nez de boxeur, entre haine et mépris. Entre alcools forts et parfums corsés.
Danse encore...
Tu aimes pourtant ces parquets foulés par des pieds inconnus. Et de tes exigences, souvent brutales, le besoin de te déplacer d'un bras à l'autre. Cambrée dans le feu d'un regard, jambe arrière tendue, tu t'abandonnes parfois. Avec un danseur trop entreprenant. La braise d'une aube violentée. Les accords d'un bandonéon. Un tango assassin.
D'accord, la nuit s'effondre. Choquante, enivrante. Jambes légèrement écartées, la robe un peu relevée, elle finit de faire l'amour au petit matin. Puis file nue dans les boudoirs et les tripots, bousculant la respectabilité du jour qui la snobe sur ses pas vulgaires. Presque abattue de s'être trop donnée, elle danse à en crever. Comme toi. Alors un caïd met sa main droite dans ton dos. Son autre main posée à hauteur des yeux, brille comme une lame de couteau. Après une légère rotation du buste, il pousse ta jambe dans une parfaite castigada. Voyeur, ce caïd-là dégage une plainte sensuelle que tu peux identifier dans ses prunelles absentes. Sans gêner son guidage, tu te laisses gagner par le plaisir. Possédée, tu brûles déjà en enfer...

(texte Jonavin)

dimanche 22 novembre 2020

Quelque part en Anjou


J'aurai bien mis une annonce,
Cherche accompagnatrice pour 3 jours,
Histoire de développer ma capacité d'expression sur les châteaux et les ponts de la Loire.
Oh oui,
Une guide volubile m'accompagnant en voiture,  un peu rêveuse dans les jardins de Villandry,
Enigmatique, le soir à la bougie,  visage éclairé dans la fraîcheur d'un caveau aux odeurs de tuffeau. Quand je pense que je connais "les Galipettes"  ces champignons de paris qui poussent longtemps dans les galeries souterraines saumuroises. Si énormes, qu'ils finissent de tomber par terre en se roulant d'où l'expression enfantine.
On les déguste en anjou lors des fêtes populaires,
Grillés sur des barbecues avec un beurre d'escargot, accompagnés de fouées, ces petits pains garnis cuits au feu de bois plus connu sous le nom de fouace, dans le sud.
Magnifiée, par une coulée de lumière,
Sous le pont de Gennes.
Depuis ma chambre, paupières mi closes
J'aimerai voir entre les tables enfumées, ses lèvres toucher le vin framboisé, A la robe si légère, s'allongeant au bord de l'eau comme la Dame de Monsoreau.

lundi 16 novembre 2020

Beaujolais nouveau

 Jeudi à 9 heures,  je commencerai la mise en place

D'habitude, j'ouvre toutes les bouteilles sans exception mais cette année avec les mesures sanitaires, ce sera une première. Aucune dégustation est permise.

Du jamais vu, 
Comment leur expliquer ceux qui sont "bonbon anglais", "légèrement  acidulé", " fruité bien équilibré" Etc etc... c'est vrai si j'apprécie  les clients se faire une opinion pendant la dégustation, j'interviens  quand  je sens leur indécision.
Ce n'est pas évident quand il y a beaucoup de références, 
Les grognons, les perroquets qui chaque année me rabâchent que le Beaujolais ce n'est pas du vin me fatigue les écoutilles.
J'aime ceux qui font preuve de savoir vivre, d'empathie, de gaîté.
Là, je conseille les meilleures références où le beaujolais nouveau aura gagné en rondeur, délicieux avec 
une  belle volaille rôtie à Noêl, bien meilleur qu' un Haut Médoc où les tanins aiment le sang.
Une Ballotine de volaille truffée accompagnée d'un Beaujolais nouveau...Essayez!
Et pourquoi pas aux beaux jours de Printemps, paniers en mains pour les sensibles de la nature, s'installant sur l'herbe, quelque part en haut de la Roche-Guyon, les yeux rêveurs face aux boucles de la seine,.
Aussi, avant le film du dimanche soir,  un poulet froid rôti sans oublier une rasade de Beaujolais en bouche pour faire voyager le Brie de Meaux  avec un bon pain au levain.
Je fais parti de ces vendeurs qu' aiment qu'ont les caresse dans le sens du poil mais c'est vrai si le client casse bonbon n'existerait pas, ça saurait triste dans le commerce...Sourire...

Beaujolais nouveau rouge,
L'idéal , c'est la situation des parcelles si les vignes sont exposées en coteau plein sud sur un sol argilo-calcaire. Voilà de quoi faire un bon vin si le raisin est récolté uniquement à la main.
Macération semi-carbonique dite « Vinification Beaujolaise » C'est à dire les grappes entières du dessus tassent celles de dessous.
Dans le Beaujolais, il maîtrise parfaitement ce procédé de vinification grâce à des levures spécifiques lors du démarrage de la fermentation.
Vinification : cuvaison de 3/5 jours à une température de 28 à 35°C. 
 Elevage sur lies fines en vieux foudre de chêne  (environ 4 à 6 semaines).
 A l’œil, le Beaujolais Nouveau dévoile une robe rouge clair, groseille, cerise, parfois rubis, avec des reflets violets,
 Au nez, c’est un vin distingué, fin, avec des parfums inégalables de raisins frais et de petits fruits rouges
En bouche, le Beaujolais Nouveau est avant tout un vin tendre, souple, fruité, gouleyant, parfumé et d’une grande fraîcheur.

Le Beaujolais nouveau rosé
La technique exige une,
Macération des grappes entières en cuve à froid, pendant la nuit.
Pressurage le lendemain à basse pression.
Soutirage à froid afin de garder les jus les plus clairs.
Fermentation à très basse température afin de préserver la fraîcheur de la nuit pour obtenir une robe rose pale, arômes floraux et de petits fruits rouges.
C’est un vin léger, fruité, tonique, vif, « crispy », avec un peu d’acidité.
Servir légèrement frais, 15-16°, avec de la charcuterie, des fromages.

dimanche 15 novembre 2020

Les bouts du monde

 Depuis mes 17 ans, je pensais être habité par un grand vent romantique qui m'accompagnait partout. Une sorte d'effluve que l'on respire, une vision naturelle.

Les bouts du monde,
Dans les endroits calmes, quand le sillage navigue sur une ligne d'horizon.
Un matelot qu' attend,  qu’on lui jette une fleur par-dessus-bord. Comme cette charmante sirène clapotant sur les flots grinçants.
Sculptée à la proue. D’une blonde peignée, en équilibre avec le ciel. Regarde de ces yeux moqueurs. Les conquérants emportant l' incroyable litanie des voyageurs.
Fascination étrange qui échevelle dans les nuages les voiles d’évasion.
Claque le vent, sur fond d'azur, les pensées amoureuses franchissant la couleur du cap de Bonne Espérance sous le déluge d'histoires de cap engloutis, de havres battus et de récifs semés d'embûches.
Plutôt un océan qu'on dénude, la perle rare, au risque de ne pas la perdre.
Rejetant par saccade, le catogan des vagues éphémères que le vent ébroue.
J'avoue, le fracas des brisants n’avait point soufflé par-dessus les dunes. Et, malgré les coups de mer, les cheveux ébouriffés, comme un aventurier au visage mouillé dans le vacarme assourdissant.
Mon cœur resterait intact dans les déferlantes de mon imagination.
Le chant des sirènes n'allait pas tarder...


Quelques années plus tard, 
Dans une salle d'attente, le jour, où je suis tombé sur ce fichu article de morphopsychologie.
Mon rêve s'est effondré comme un jeu de paume.
Parfumé, d’une légère odeur d'eucalyptus, je feuilletais quelques pages d'un magazine dans le confortable rotin. Là, j'me suis attardé sur un passage des signes de la main.
Etes-vous pouce gauche ou droit?
J'ai fait le test.
J'men souviens encore...J'ai croisé mes mains, décroisé et recroisé celles-ci.
En observant bien la position des mains. Constatant que le pouce droit se superpose sur le gauche comme sur la photo.
Histoire de voir si ce n'était pas un coup du destin, j'ai fait le sens inverse.
(Nul doute, j'étais mal à l'aise. Un truc contre nature)
J'ai recroisé mes mains retrouvant ainsi ma position naturelle, comme un enfant qui s'amuse.
Moi qui pensait être de dernier des mohicans, le style de mec qui ne communique que par signaux de fumées. Perdu dans les fjords les plus isolés à la recherche d’une indienne sans ombre. Mordu par le clapotis et poussé sans cesse par les alluvions et les sédiments du rêve.
Je suis tombé des nues en lisant l’article.

Vous avez une prédominance pour la raison, prenant peu de risque en amour.
Dans un choix crucial, la raison l'emporte toujours sur les sentiments.

samedi 14 novembre 2020

Orange


 Dans mon rétroviseur, un angle mort. Un rectangle qui s'étrangle. Vision confuse à l'envers du ciel : l'arête

d'un toit, un tronçon de chaussée en dos d'âne. Des traits de feu.

Tout à l'heure, il y avait une route. Droite. Ton visage aminci, ton triangle jusqu'au front. Cap-bon et ses orangeraies. Une oasis, des maltaises bien mûres.
Maintenant, c'est la vue d'un jardinier andalou qui m'intrigue. A l'angle de ses lèvres, je devine un menton saillant. Des yeux noirs qui piétinent ton rire aux éclats. Tes lèvres sanguines comme une plaie.
Bon sang! Toi qui avait la ligne, voilà qu'elle se brise sous ton caftan. Dans la brèche, quelques mains secourables te brancardent à la sauvette. Désespérément. Peuvent-elles, par accident, garder les coupures de journaux de tes blessures oubliées? Comme une ligne de coeur alors infranchissable.
Une intersection de deux voies qui ne s'entendent plus.
Je t'appelle, tu ne me réponds pas sinon par un murmure à peine audible. Par la pression de tes doigts sur ma nuque qui poisse un fruit trop vite éclaté.
Je ne bouge pas. Tant que tu respires...

Dans mon rétroviseur, un angle mort. La sangle qui m'étrangle avec ton corps inerte. Des falbalas de perles, un coup de volant. Le pare-brise singeant une pluie de saphirs quand tout bascule. Tout à l'heure, il y avait un bord de plage. Ta main tatouée dans la mienne. Ma vie sous un angle différent. Si proches, tes regards savaient traquer mes points faibles. Tout ce qu'il n'était impossible de voir. Tout ce que je refusais de comprendre, dans la conduite d'amis trop complaisants.
Dépassés l'amour propre, les ego  Tu rectifiais mes écarts, mon angle de tir : mettais à nu mes défauts. Comme une évidence, un trait de bravoure...
Tout à l'heure, il y avait ton bouquet, des rires juteux, des nappes blanches. Cette voiture de location, capot fleuri. Un soleil brûlant sur une ligne d'horizon parfaite.
L'accolade entre parents. Et surtout ces toits en fuite que je voyais mourir plein écran.
Maintenant, il y a la route. Encore. Le ciel orangé. Ces lignes qui s'entrechoquent. Voiture, route, horizon. Celles qui se brisent, dans les contours d'une vie, incapable d'arrondir les angles.
Ils y a ces lumières agressives, tournoyants. Ces bruits de ferraille, linéaire sans épaisseur.
Ces odeurs d'agrumes veines de rouge.
Cette faille imprévisible où doucement je te perds.

(texte Jonavin)

jeudi 12 novembre 2020

Camille

 



Camille,


Ce soir, promis, je te ferai un petit. Fort, robuste et serré tout contre toi. Un petit que tu pourras choyer de tes mains et de tes lèvres. D'un nuage de lait, tu pourras deviner l'ébène de ses grands yeux noirs. Le grain de sa peau, l'écorce de son âme en cerise. Parce qu'en un mot, je sais où je t’emmènerai: à Rome.
Ce soir, Camille, je serais ton Barista. Ta fontaine de Trevi dans l'express de nos amours enivrantes. Sans amertume, j'inventerai ton ventre rond. Les envies de moka, les baisers en bouche. J'inventerai son regard un peu mousse, ses larmes brûlantes et toutes les vapeurs d'ivresse d'un philtre magique entre nous. Soudain l'hiver viendra fondre sur le bout de la langue. Tu entendras la poudre crisser, fouettée par la neige autour de tes doigts. En deux coups de cuiller à pot, tu pourras vivre chaque traction d'un enfant de la balle. Camille, pour toi, j'irai griller d'impatience mes incertitudes. Moulu de fatigue, boire la tasse à la fontaine. Je t'imaginerai Anita Ekberg, en robe du soir dans la Dolce Vita. Et quand les nuits deviendront floues, j'irai jeter une dernière pièce, à souhait...
Pourrai-je encore tourner le dos à ta crème de beauté? Oublier les parfums et les nuances de tes sourires, l'atmosphère excitante de nos corps l'un contre l'autre? Mais peut-être suis-je resté bébé...Ce que j'aime est en toi. J'ai tout préparé. Les bougies, la lumière tamisée, la chambre et les heures du réveil au compte-gouttes. Cet instant émotionnel où nous fermerons doucement les yeux.
Ce soir, promis Camille, je te ferai un petit. J'inventerai une eau-de-vie romaine. J'irai chanter des gloria. Je sais les promesses de mariage, les Mazagran du matin cafardeux, les cafés borgnes d'autrefois. Aussi j'apprendrai tes bouffées de chaleur, les présages payés au marc quand de mes yeux, grands comme des soucoupes, je vous emmènerai sur le zinc du petit prince. Ce soir, promis, mon amour, je te ferai un petit...café italien.
Mais viendras-tu?...

texte Jonavin

lundi 9 novembre 2020

Je n'attends rien de toi

 Je n’attends rien de toi.

J’ai des espoirs. Peut-être…
Mais je n’attends rien de toi.
Et si je n’attends rien de toi, c’est parce que je n’ai aucun droit sur toi.

Aucun de mes sentiments, aucune de mes passions, aucune de mes colères ou convictions ne m’autorisent à posséder, à influencer, à manipuler ton libre arbitre pour me satisfaire.
Je n’ai pas à t’enfermer dans mes propres désirs ou dans ce que j’estime être moral, ni a t’emprisonner dans mes peurs et névroses ; celles que je me connais comme celles que j’ai encore à découvrir.
Je n’attends rien de toi.

Je n’attends rien de toi parce que tu mérites de te découvrir en fonction de toi-même et non en fonction de moi, ou d’autres, et parce que je te souhaite véritablement libre de partager ou non, sans que tu aies à connaître la prison des culpabilités systémiques toutes ces fois où tu ne voudras rien donner.
Je n’attends rien de toi, parce que tu es toi, et non moi.

Je n’attends rien de toi pour toujours être surprise, jamais déçue. Pour que jamais tu ne te dise qu’un de tes choix pourrait me décevoir.

Je n’attends rien de toi parce que ça me rendra heureuse.

Je n’attends rien de toi parce que je sais que tout ce que j’attends de la vie, moi seule peut – moi seule doit – me l’offrir, et dans ce cheminement, me trouver, m’améliorer, me construire, et traverser la vie avec au coeur, la quête du vrai, et du libre.
Je n’attends rien de toi, donc, puisque je refuse de remettre entre tes mains des responsabilités qui ne doivent appartenir qu’à moi, même celles qui me terrifient. Ce n’est pas à toi de me valider, de me rassurer, de me guider, ou de me sauver de moi-même. Ce n’est pas à toi d’endosser, que je te la remette ou que tu me la vole, la souveraineté de ma conscience. Tu portes déjà la lourde tâche d’honorer la tienne.

(prose Mathilde)

dimanche 8 novembre 2020

La vie de Château



 Elle était montée in extrémis dans le train.

Encore secoué, 

Heureusement,  il y avait le jardin du Mail pour faire les cents pas avec mes pensées amoureuses.

Pour ceux qui ne le savent pas, l’Alaska est un cocktail qui vient du grand nord.
Un goût fort que j’avais goûté un après-midi. La Chartreuse était belle dès que je l’avais aperçu en jean et tee-shirt blanc. M'apostrophant de son délicieux accent, pour me demander l’horaire du château.
C’était une jeune fille au pair Irlandaise attendant de visiter la tapisserie de l'Apocalypse.
Etudiante en histoire, spécialisée dans l’art roman. Je me souviens encore de la voir assise sur le muret en pierre en train de déplier sa  grande chemise cartonnée aux motifs noirs et verts, rangeant soigneusement des gravures d’eaux fortes de l’Eglise de Cunault.
Pour la première fois, je sentais la chaleur montait dans le bas de mon dos.
Les mains moites, la gorge sèche,.
Dans un élan de générosité,
Je lui proposais la visite guidée des lieux. Elle avait accepté à condition que je la raccompagne à la gare de Saint-Laud pour le TER de Saumur.
Je connaissais un peu les aspects extérieurs du Roi René. Depuis deux semaines, je me gargarisais l’esprit avant de prendre mon service pour tuer le temps.
J'’avais choisi le médiéval,
Dans l’hôtellerie, la notion de service, linguistique, commerciale, technique et relationnelle est importante pour gagner plus en pourboires. J’avais beaucoup de retard par rapport à mes collègues qui maîtrisaient l'art de séduction. Forcément, je manquais d'automatisme, de connaissances, il fallait bien que je rattrape ce laps de temps pour les concurrencer.
Chaque après-midi, depuis les marches dans la galerie, je contemplais les groupes,  l’aisance des interprètes. Peu à peu mon blason imaginaire se dessinait mais j’étais encore loin d’être un guide de haute voltige. A 24 ans, je possédais une carte de demandeur d’emploi. C’était gratis et je profitais de l'aubaine pour me cultiver à l'œil. 
Mes extras à La Salamandre ne débutaient qu'à 18 heures. Pantalon noir, veste blanche, liteau blanc, c'est vrai quand j'y pense, j'entrais dans le monde chevaleresque.
Bien que je connaissais les couleurs de la trame, le jaune, le rouge et le bleu. Les termes de la gaude, de la garance et du pastel utilisés par les vacataires en toile de fond ne me disaient rien et je me demandais comment j’allais m’y prendre avec la belle Shanna pour lui expliquer 103 mètres de long, six thèmes de vingt cinq mètres.
Je me voyais mal relatant les actes d’apôtre de Saint-Jean l’évangéliste. Avec 14 tableaux sur une tapisserie en lisse de 4,5 mètres de haut, le tout conjugué sur des visions prophétiques comme un livre ouvert sur la liturgie céleste de Jésus Christ. Comment lui révéler les nombres 7 et 666 dont je ne maîtrisais ni les occurrences ni la guerre de cent-ans en filigrane médiévale.
Je crois que je m’étais vite embarqué devant les beaux yeux de la celtique.
C’était en juin, par chance les remparts étaient là. Je commençais donc mon chemin de ronde sur la courtine, histoire de lui faire prendre l’air angevin.
Le temps était splendide, je faisais remarquer à Barbarella que les poivrières avaient disparu des tours.
Au XVII siècle, la Bretagne et la Normandie n’étant plus hostiles au roi de France, celui-ci avait ordonné la déconstruction du château. Seules les coiffes avaient été rasées, grâce à un habile gouverneur qui avait désobéi au roi en faisant traîner les travaux.
Maintenant on pouvait admirer l'Anjou à ciel ouvert,
Elle prenait des photos.
Sur la tour nord, on apercevait le vieux pont de pierre de la Maine qui reliait le quartier de la Doutre. Du signe de la main, je montrais l'endroit de l’école nationale des beaux arts, lui expliquant chaque soir, ça regorgeait d'étudiants attablés dans les bars typiques aux maisons à pans de bois dans une ambiance  aux senteurs d’herbes brûlées.
De fil en aiguille, j'apprenais mon nouveau métier de tisserand mais je me demandais si mes petites histoires l’intéressaient.
Je la voyais maintenant qui s’attardait dans le jardin potager, se frottant les doigts avec de la lavande, me faisant signe de venir. Ce dont je ne manquais pas. M’offrant ses mains délicatement pour me les faire sentir comme on le ferait d’un baiser que l’on défroisse. Le cœur battant, je me rapprochais,
La galerie climatisée nous attendait...

samedi 7 novembre 2020

Proverbe américain


 "Ayez toujours confiance d'une femme qui chante dans sa baignoire"

jeudi 5 novembre 2020

Amalia

 Lacis de ruelles, fado d' un pincement de cordes. Dorés, les murs lépreux adorés, la cour pavée de Bairro Alto. Cette mélodie que tu joues, Cançao do mar, C' est la saudade du grand large. Celle de l' Electrico qui suppure ses bancs à la marée des poulpes éclairant la ville. Dans la houle des rues pentues, les goulottes clignent une ophtalmie purulente. Lambine, tu t' accroches au tramway qui peine à monter. Aux abcès de fièvre. A la chaleur étouffante.

Je suis arrivé comme un spectre, Francesco. Et c' est à la ville que je veux offrir mon dernier adieu. Entre cuir et chair, emmurée dans la salle d' attente du purgatoire des statues. Avant l' éternité.

Il est des escapades comme du fado : chagrin, déchirements, blessures. Lisbonne est pour moi un trajet du souvenir. Une plaie pour l' enfance perdue, Alfama justement et ces années d' apprentissage où je danse avec la mémoire.
Regarde, Mémé Ana do Rosario est pelotonnée sur sa banquette. Vêtue d' un châle qui ressemble à l' aube de Dieu, elle chuchote la miséricorde des passages. Celle des vivants. Mais en fermant les yeux pour éviter son regard, c' est surtout mon histoire que je surprends dans le souffle de la prière. Ici, une fête de l' école, les escaliers de faubourg, le linge saumâtre pendu aux fenêtres. Adolescente, j' y cousais les voiles de l' évasion quand sous mes paupières, j' entendais clapoter un impossible océan. Là-bas, les marches populaires et les cabarets de nuit. Le café Mondego, sanies de lumière et de poésie où la douleur funanbule ne cesse de grandir.
Silence, car on va chanter le fado! cries-tu...
Un avertisseur sonore beugle le prochain arrêt. Puis la rame s' ébranle à nouveau, lâchant les freins sur ces images d' enfants qui jouent dans la cour.
Ma fatrie, mon silence, ma chair que je ne connais pas. Que je ne connais plus. Alors je chante. Droite, figée, fière. Pour toi, Francesco. Et pour ce public qui m' écoute, le coeur lourd.
Dans les couinements métalliques, l' arpège de ma guitare portugaise s' accorde aux secousses. Rytmées par un ongle postiche de tortue, c' est pourtant un autre luth qui vient nous ensevelir dans sa carapace. Lenteur excessive. Le temps n' a plus de repères. Du pouce, je gratte un accord presque étouffé. Je me mêle à la viola de tes mots. A ces caravelles d' amour jetées au vent qui soudain claque comme l' exil de nos âmes en fuite. Déjà la mort habite le cimetière marin qui me borde les yeux.
Cançao do mar vivre et rêver avec toi dit la chanson. En queue du tram, je devine ton sourire à travers le hublot. Fuyard. Lointain. Ton visage égrène chacune de mes notes pincées tandis que peu à peu, tu t' éloignes. Même les écaillures de ma voix laissent derrière nous des miasmes de souffrance. Mais c' est mon amour qui pourrit, Francesco. Juste mon amour.

Tout près, Le Tage, mer de paille, crache ses plaies de feu dans le coeur des Lisboètes. Souvent la vie se charge de recouvrir les gloires défuntes. Il suffit d' un tramway pour la voir défiler, grimper ou descendre les sept collines du destin. Dans l' ordinaire de ma ville qui respire le fado.
Lacis de ruelles, fado d' un pincement de cordes. Dorés, les murs lépreux adorés. J' abandonne ma voix au conducteur. Le terminus de la Mouraria ne me relie plus à ce monde...

Cançao do mar (chanson de la mer)
Une pensée pour toutes celles
et à ceux qui aiment le fado

texte jonavin

lundi 2 novembre 2020

La pluie

 



Après la pluie, je marcherai sur l'eau. Dans les flaques d'une ville sans miroirs. Là, où les néons enseignent aux mirages l'illusion du vide.

Je chercherai les tourbillons de dunes, ton grain de sable. Tu me demanderas: Où est la mer?
Je te répondrai qu'elle n'existe plus. Battue par des vents arides, qu'elle n'en finit pas d'engloutir ton sourire. Tes yeux cernés, ton for intérieur. Qu'elle est une mare de sang, un désert sans fin. Une horloge mécanique. Mais les pépins sont des méduses de fumée. Des ronds de l'eau qui nous font croire aux ricochets d'un ciel tempête. Après la pluie, je marcherai tout droit, fuyant mon ombre.
J'éviterai les naufrages, les crevasses aux mains, les paupières lourdes. Je m’évanouirai, ébouriffant tes cheveux, embrassant ton front brûlant.

N'as-tu jamais cessé de regarder tomber la pluie? Les rues sans trottoirs, égouts, dégoûts de nos larmes débordantes. Je connais une machine à tuer le temps. Le rare cours d'eau d'un coeur broussaille, les grandes chaleurs, un été qui se souviendra. Je garderai alors mes vieilles chaussures, ton papillon sur l'épaule, un filet de voix.
Et demain, crois-moi, il fera beau...

(texte Jonavin)

jeudi 22 octobre 2020

Là bas



Après avoir quitté le pont de Sèvres, je sais qu'au jardiland du coin à Chartres, il y a de la bruyère, c'est une fleur pour les pierres tombales, une fleur costaude.

En ce dimanche soir d'automne, Voilà ce que je me raconte, je déteste l'autoroute mais je ne crains pas la panne des sens.

Cinq cents bornes pour penser à toi, 

De toute façon, je ne sais même plus si tu habites encore Lorient.


Si je pouvais te rejoindre...

Là-bas, il y a le bout du monde

Les dunes, les coups de vents
L'océan qu'on dénude
Des coques de sable
Que le vent ébroue
Au risque d'égarer la perle rare
L'immunité acquise
en regardant le ciel
Les rochers sur l'estran
Mais quand la pluie mouille ton visage
Au loin du rivage
Je te trouve encore plus belle

mercredi 21 octobre 2020

Le tournedos rossini

 



Recette assez délicate pour maîtriser les temps de cuisson simultanément, à éviter à plus de 4 convives.
Élaborer une véritable sauce Périgueux, si vous n'avez pas les fins de mois difficiles. 
Faut-il encore la veille avoir préparé un consommé comme pour un pot au feu, le clarifier, 
Pour la sauce, émincer les échalottes que l'on fait blondir, roux blond +  le consommé, on ajoute un verre de vin blanc sec style Bergerac. Quand la sauce est lisse, les rondelles de truffe.                               Pain de mie doré à la poêle.
Cuire le foie gras cru légèrement fariné, 1 minute de chaque côté , sel, poivre,
Saisir le tournedos 3 minutes de chaque côté, sel, poivre glaçage avec son propre jus en fin de cuisson. (le filet de boeuf doit refroidir autant qu'il a cuit en le gardant au chaud pendant le reste du montage).
Tournedos posé sur le pain de mie, surmonté du foie gras poêlé, lamelles de truffe
Une pincée de fleur de sel.
Autour, quelques pommes vapeur variété "charlotte" baignées dans la sauce périgueux.
Je suggère un Saint-Emilion grand cru Monté Christo " cuvée Edmond Dantès" millésime 2015, ou un Moulis château Brillette  2015 (références que l'on peut trouver en grande surface en dessous de 23 euros).
Carafer le vin pendant 1 heure ou servir dans des grands verres à bordeaux en forme tulipe.
Une table bien décorée,
Bon appétit !      

photo source internet                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                       
 

mardi 13 octobre 2020

Automne


 Les incertitudes s’estompent dans l'humidité odorante

Même

L’effervescence du calme me pèse

Les belles phrases murmurées aux arbres, au vent

Aux couleurs invisibles,

J'ai comme l'impression d'avoir perdu le goût des choses
Pourtant j'aime respirer les odeurs de fumée
Les pensées en deçà du silence
Les poussières d'ombres qui m'empêchent de voir clair
Où j’emmitoufle souvent la discrétion étrange d'un amour de solitude

lundi 12 octobre 2020

Recette de maman express

 



Tout d'abord, le pâté aux prunes est une spécialité angevine.

Il faut acheter deux pâtes brisées pur beurre comme pour la tourte.
1 kg ou 1,2 kg de prunes vertes reines claude assez mûres suivant le diamètre du moule.
2 sachets de sucre vanillé.
Prévoir beurre, jaune d'oeuf et un peu de lait.

On dispose la première pâte, on pique à la fourchette pour éviter que la pâte gonfle. Après avoir nettoyé à l'eau les prunes, il faut les équeuter.
On dispose les prunes entières vertes reine-claude, serrées les unes contre les autres sur toute la pâte. (surtout ne pas les dénoyauter, c'est ce qui donne le goût).
Généralement 1 kg suffise pour la totalité du plat. 
On saupoudre deux sachets de sucre vanillé sur les prunes, quelques noisettes de beurre aussi. Ensuite, on rabat l'autre pâte brisée sur le dessus,
Suivant la dextérité de chacun, on essaye un effet torsadé tout doucement sans casser la pâte en soudant bien pour éviter que le jus passe au dessus.
Dans un ramequin, un peu de lait, un jaune d'œuf,  avec le pinceau on badigeonne le dessus pour le doré. On fait un trou au milieu comme sur la photo.
Préchauffer le four durant dix minutes à 180°,  ne pas ouvrir avant un quart d'heure pendant la cuisson.
Prévoir une heure.
Laisser refroidir, c'est assez long.
Vous pouvez le déguster au choix tiède ou froid.
Dans la tradition angevine, on boit ça avec un côteau du layon bien frais.

vendredi 25 septembre 2020

Manon

 


Manon rayonne.

Déjà, les épis de ses cheveux tirés à la courte-paille font les blés mûrs d'automne. Avec quelques bleuets sur le front, ecchymoses de tournesol. Une énorme bosse enlaidit les yeux papillons qui tardent à disparaître. Sur le chemin en zigzag, l'ombre contusionne ce visage qu'un sommeil étrange est venu cueillir maladroitement. Par contrecoup, la roue de la bicyclette tourne encore, voilée et grinçante.
C'est une fin d'après-midi. Dans le champ voisin, les corneilles mantelées croassent. Portent-elles le deuil d'un ciel bas et orageux, celui d'un chemin accidenté? De quoi faire chuter les théories les plus insensées avec cette jeune femme en danseuse! Avec le faible éclairage de la lampe à acétylène, un pneu avant dans les ornières humides et suivant la gigue, un frein à patin pour bloquer le guidon.
Un chemin en lacets s'attache aux oeillets de ses petites bottines. Houppettes de cuir fané sur des rubans de satin noir. Soudain, le soleil s'effondre avec le garde-boue. Dans ces menottes que la nuit séquestre, un cordonnet situé en avant de la fourche - frein désormais inutile. Et le vent, pédaleur infatigable, qui emporte en roue libre les derniers coquelicots de son visage tuméfié, inerte. Comme des pansements de dentelle, lambeaux de sa robe à fleurs retroussée jusque derrière la nuque. Pourtant, une heure plus tôt, tintaient la sonnette et les rires de Jeanjean. Une heure plus tôt, la cadence des jambes était encore rythmée et joyeuse.
Une corneille se pose sur le filet garde-jupes. Son plumage tranche avec la lanterne dont le phare, décortique au loin, les contours d'un siège-enfant.
Il pleut...
(texte Jonavin)

mercredi 19 août 2020

La piste d'athlétisme

La piste d'athlétisme, arrachée du brouillard, libère les couloirs en terre battue. A chaque virage, des bandages mutilés frondent la plaie ouverte d'une tribune dont les clameurs encouragent la mort à se dépasser. Une ligne droite pour le sprint, dans la tranchée et cratères d'obus. Et la pluie, caillebotis, invisible, qui absorbe les éclaboussures, dégoupillées tout autour du stade.
Waldemar laisse échapper sa mémoire. La guerre a fini de bombarder les illusions. Le garçon, en bordure de piste est jeune.
Belle allure. Demain sans doute, Dieter partira sur le front russe.
Parce qu'on peut se battre aussi pour un record. Et mourir sans défaite ni compétition à juste vingt ans.
Dans les gradins, la foule est en liesse. Au passage du coureur, elle scande la victoire du héros. Tous les destins brisés dans une course express. Contre le vent. Contre le temps. Waldemar observe, un chrono à la main. Dieter, les podiums, l'averse. Et le projecteur, comme un suaire sur son athlète en lice. Dieter est vêtu du maillot blanc à l'aigle de sable. Un symbole. Habit de champion qui l'auréole d'une gloire éphémère. Waldemar ferme les yeux. Le chrono tourne. Et soudain, le stade chahute les vieux fantômes à la foulée superbe de son poulain. Photographes et journalistes sportifs se sont rapprochés. Il court comme s'il avait la mort aux trousses, dit l'un deux...La mort aux trousses, oui. Dans l'ébullition d'un 15 juillet 1939...
Et c'est l'allemand Rudolf Harbig qui tient la corde. Revenu de Prusse orientale, l'ombre déguise sa vareuse trempée. Genou en avant, jambe fléchie, son pied arrache encore une botte pétrifiée de boue. Un chrono bloqu é à 1'46"6. Des nerfs d'acier pour supporter la cadence de la locomotive tchèque derrière lui.D'un souffle, Harbig a senti Zatopek sur ses talons dès les premiers mètres. Le printemps de Prague, les chars russes et la déportation du fondeur dans les mines d'uranium de Jachymov, il devine sa tête penchée comme si le poids du cerveau relâcher les muscles inutiles. Son visage à grimaces.Sa façon d'haleter qui le relie au tender d'un corps en combustion de souffrances. Le mouvement synchronisé des cuisses, rotations de bielles huilées dans l'effort quand il accélère à l'amorce du virage. Tout à l'extérieur, Jules Ladoumègue vient aussi d'allonger sa foulée. L'image carbonisée des yeux maternelles, insuffle au français, une énergie insoutenable. La rage au ventre est la braise qui surchauffe les chaudières en feu. Ses poumons. Le coeur mécanique pulse la buée des lèvres dans les jets de vapeur de Zatopek qui d'un coup, semble oublier ses torticolis. Ils sont coude à coude, tirés vers l'avant, le buste en équilibre et les hanches à la verticale.
Même classe, Même vision de course.
Comme un danseur décollant la cendrée de ses pointes, Dieter déploie alors une allonge phénoménale. Il grapille quelques millimètres à ses poursuivants, trace la piste comme un V2.
Foulée romantique et majestueuse...visage ruisselant...Waldemar sourit. Le jeune champion a tout simplement drapé le mythe de ses idoles. Il court son 800 mètres.
Déjà Rosenbaum, "le zèbre", décroche. Parti en tête de convoi avec le kenyan Nyangbo, il a pourtant suivi à la dur, les camps d'entrainement de Dresde. Participé aux jeux de Berlin avec le SS Oberstumfüher Dreillich de la fédération allemande. Waldemar assure qu'Herbig l'use au train et qu'il ne reviendra pas. Maigre, efflanqué dans un short lâche, il laisse apparaître un filet de bave aux commissures des lèvres. Au meeting de Leipzig, le zèbre tournait encore aux alentours de 1'50. Ici, il crache, fondu dans la piste collante, aspiré sous les compas du Kenyan qui d'un bond, le dépasse. Rosenbaum était le meilleur espoir du club. Sur le talus du remblai, flotte l'étoile jaune de son torse. Cousue à un ciel de Judée. Définitivement piétiné par le reste du peloton qui le consigne lui et sa famille en gare de Sobibor. Jambes et rêves brisés. Dieter a hérité de son élégance perdue. Même Paavo Nurmi, champion olympique, semble absent. Aveugle et muet, le finnois tatonne à deux longueurs . Ses infatigables enjambées se font lourdes, éprouvantes. Dévoré par les concurrents qui déjà l'abandonnent à mi-parcours. Aussi têtu, franc, tenace. Dieter a volé sa légende. A la conquête du monde, il est devenu Dieu dans les nuages.Cinquante cinq secondes aux 400 mètres. Ils sont sur la base d'un record du monde pense Waldemar. Harbig maintient la cadence. Train d'enfer. Zatopek suit. Il balance ses bras à hauteur du visage, se calque à la foulée de l'allemand qui tente brusquement de changer le rythme. L'effort est intense.
Ladoumègue est venu aussi se glisser à la corde. Avec Nyangbo l'ébène dans son sillage. Dieter accélère, le front haut. Il semble rentrer dans la lumière. Son dossard flotte, il survole la piste, dégageant la poitrine. Bouche grande ouverte. Prêt pour l'ultime défi. Quelle aisance naturelle, entend t-il du commentateur, à l'entrée de la ligne droite.Dieter place un dernier démarrage fulgurant. La pluie façonne les médailles à ses muscles tendus. La cloche tinte encore lorsqu'il disparaît dans les colonnes d'eau.
Waldemar n'a pas arrêté son chrono.
Il sait que les champions ne vivent jamais assez longtemps...

(texte Jonavin)

lundi 8 juin 2020

Jonavin sur un air de Brel

Il n'est pas de matin, il n'est de chagrin que déjà s'éternise, dans la bêtise d'un autre lendemain.
D'une vie terne et grise, il ne reste rien. Pas même la hantise qui n'échappe au destin quand ces deux là se suffisent, en attendant le train. Alors ils tourbillonnent, ils se désarçonnent, ils se désavouent, ils culpabilisent l'amour qu'ils se donnent, l'amour qui se noue, et qui les rançonnent quand ils tombent à genoux.
Mais l'amour est personne quand il n'est un tout. L'amour est moribond quand les gestes sont mous. Il faut que je vous dise monsieur, que chez ce couple là,  on ne s'aventure pas, on s'abandonne.

Ce soir il n'ira pas chez Eugène, il n'ira pas chez Fernande, tans pis pour les nouvelles, tant pis pour les flamandes. Quand la vie est cruelle, il faut bien se détendre. Car rien n'est pire à Bruxelles qu'une pluie de novembre.

Alors ils se tire bouchonnent, ils désillusionnent l'amour sottise, l'amour qui congestionne les voyages à venir, les voyages à Venise où tendre la joue, c'est fendre la bise. Où tendre le cou, c'est déjà mourir. Voulez-vous que je vous dise, gémir n'est pas de mise. Parce que les larmes boutonnent, parce qu'elles déguisent ceux qui les emprisonnent au fond d'une valise. Ceux qui les moissonnent savent encore qu'elles épuisent ce que le coeur raisonne. Ce que les yeux divisent. Et chez ce couple là , monsieur, on ne pleure pas, non, on balbutie...

Ce soir, elle n'ira pas chez Jacky et sa chanson morose, pas chez le vicaire, qui de ses ecchymoses invente la prière et décide de la chose sous sa robe légère. Que si Dieu suppose l'aumône du père, qu'en est-il de sa prose et des sermons d'hier? Qu'en est-il des roses avec Lucifer? L'amour à haute dose, c'est l'amour à l'envers.

Alors elle se Juliettise, il se Roméote dans les mots qu'ils se disent comme deux ados que le feu attise...
Sur le quai du métro, rien ne ridiculise les amants de l'Escault. La foule de badauds, pour ne pas les haïr, soudain les méprise comme deux ombres de trop. Comme deux ombres à fuir. Et je vous jure qu'ils sont beaux, qu'ils jettent à l'azur des milliers de chapeaux, des milliers de bravos tant leur coeur se déchire à monter si haut. Alors, ils se torticolisent, ils dégringolent des "je t'aime" à tout va, des "je t'aime" à tout vendre, ils déconvoitisent  à coup des pourquoi, les choses promises qui souvent ne s'oublient pas. Parce qu'il faut que je vous dise, monsieur, que chez ce couple là, on ne discute pas, on triche...

Il n'est pas de matin, il n'est de chagrin qui déjà s'éternise, dans la bêtise d'un autre lendemain. Une vie soumise est une vie de rien. Où même les crises n'échappent au destin, quand on se gargarise de lieux communs. Alors ils ne se quittent pas, ils ne se quittent plus, ils se Gauguinisent dans un tableau de roi où les îles Marquises accrochent à leurs doigts, des soleils qui favorisent le berceau de leurs bras. Le berceau de leur nuit. Quand on a que l'amour, on n'a que l'envie, les chemins sans détour et les petits profits. Car il faut que je vous dise que chez ce couple là, on ne badine pas, non, on s'aime.

dimanche 7 juin 2020

Limoncello

Vue sur la mer depuis Positano

J'avais aimé le silence de la toscane fraîche, quelque part, à côté de Borgo San Lorenzo. 
Portes ouvertes sur les parcs avant de flâner à Lucques. 
Je n'allais pas tarder à découvrir les terrasses vertes avant de m’allonger sur la pelouse de Pise.
 Florence, au mois de mai pour les trattoria menu chic, jardins à l’italienne m'offrant ses tomates à l'huile d'olive, feuilles basilic, odeur de parmesan, jambons cru suspendus.
Laissant mes yeux se guider sur les fresques murales dans la teinte toscane. 
 Petits villages du Chianti.
Comment oublier les ruelles secrètes de San Gimignano jusqu'à la place de Sienne ?
 Arriverdeci! En quittant le ciel azuréen.
 Et pour finir, les derniers regards sur l'autoroute entrelacée avant de voir disparaître les lacs piémontais. Mélange de l'eau bleue, de vert et de blanc.
 "di Sorrento" le soleil du sud. Sauvage. La côte amalfitaine. 
Posatino
(Depuis que je vais chez ma mère, j'y ai pris goût, il faut dire qu'elle le prépare bien le limoncello). 
J'aime bien ! Quand maman sort les petits verres transparents.
 Surtout en digestif,
glace pilée. la bouche fraîche, citronnée aux notes légèrement épicées qui persistent...
J'imagine que la mer doit être belle.

mardi 2 juin 2020

Du Rebellis à la cuvée Ange

Dans la pointe du triangle Carcassonne - Narbonne se trouve le beau village de Lagrasse.
Le domaine Prieuré Borde rouge élabore 5 cuvées sur l'élégance et la subtilité en AOC Corbières rouge, blanc et rosé.

Le Rubellis rouge est issu des jeunes vignes du domaine, on part sur des arômes frais et gourmands de fruits rouges et de raisins mûrs en bouche. Du charme à partir de 7 euro à partager.

Si vous avez prévu une truite meunière poêlée avec des amandes effilées bien brûlées,
Le Corbières blanc Carminal est ce vin qui développe une palette aromatique oubliée de fruits à chair blanche, de fruits secs et de fruits exotiques. La délicatesse d'un bois bien fondu (élevage partiel en fûts de 2 à 3 mois), du gras, quelques notes vanillées, je vous laisse imaginer les amandes effilées gratinées avec la fraîcheur des arômes en bouche, on frôle la perfection à 10 euros. C'est dingue! A ce prix.

Il faut bien arriver à la cuvée Ange - Corbières AOC rouge hélas qui n'existe plus remplacé maintenant par le mot  "Icône."
Le concentré du terroir et du travail artisanal de Borde-rouge. Ange est vinifié et élevé en fûts de chêne français. Derrière l'opulence, Ange se révèle aérien, tout en délicatesse.
Des gestes rotatifs dans un grand verre pour faire éclater les molécules, le nez intense de vanille qui réveille quelques nuances de cacao dans un boisé discret. Pas besoin de susurrer, les yeux suffisent... Monsieur aura fait l'effort de débourser 22 euro la bouteille mais là, de voir la galante enfumée, charmée, engloutie. Le coquin n'aura plus qu'à se laisser porter par les choses... C'est vrai! Quand on est dans les nuages, on prend de la hauteur.

J'aime bien aussi la cuvée rouge Carminal
Le meilleur terroir du domaine, terres rouges et de calcaire blanc fissuré.
Carminal exprime des notes de fruits rouges, noirs, une complexité à l'harmonie enchantée des notes vanillées de prunes et d'écorces d'oranges séchées, arômes d'épices, de tabac et de réglisse composent ce vin subtil, élevage en barrique de chêne. Carminal représente l'emblème du château Prieuré Borde rouge.

Si vous aimez les espaces de nature, les châteaux Cathares, le silence...
Je serai partant, cet été,  avec une femme aimant les monastères, les abbayes, les pierres, les petites vallées encaissées pour partager quelques jours...

vendredi 29 mai 2020

Les mangeurs de pommes de terre



Quelques lueurs oscillantes arrosent la margelle de la lampe. Juste une lumière ronde, flambée sous le métal qui puise tout ce noir de vigne. Longtemps j'ai voulu incendier la broussaille de mes lèvres. En détrempe avec une eau rouillée, mes larmes sonores brûlées à feu nu, suintent un rouge de fer. Elles ont déjà la même piqûre que les rousseurs du bois enfumé. Comme si dehors, les corons de briques distillaient la houillère de la rue d'Arcole pour éteindre les charbons dans l'eau des pleurs.
Comme si ma barbe rouquine, capable de broyer la couleur pouvait soudain, éplucher les solives. Mais surtout laver la pelure des visages, éclairés par l'or jaune d'un simple plat de pommes de terre. J'ai fermé la lourde porte derrière moi. Comment ne pas me reconnaître parmi ces gens? Indésirable, je dors sur la paille, visite les malades, leur lis la bible, parfois Dickens ou Hugo, prédicateur mort-né venu évangéliser les pauvres avec son propre tourment! Tout ce qui germe doit naître de la peinture, ma seule vocation. Dans ces couleurs besogneuses que le pinceau viendra ramasser en nuances. En odeurs palpables, breuvage et graisses transpirant la toile. Dans ce clair-obscur où l'humilité de mon âme est déjà lucide. Et dans le travail de mes doigts Théo, afin de libérer ces gens de toute résignation! De toute crispation!
Je me blottis aux coiffes illuminant la visière des casquettes molles. A la chevelure tiède d'une jeune fille me tournant craintivement le dos. Et le contraste avec la blancheur des jattes abreuve la pureté de ma folie. Le tumulte de mes crises dépressives qui, secrètement, a nourri bien des mélancolies depuis l'enfance. Mangeurs de pommes de terre...Je suis des yeux chacun de leurs gestes. J'abandonne ma frustration d'artiste pour vêtir celle de la prière, pour comprendre certaines postures, la position d'un buste. Pour somatiser l'angoisse qui ronge la paix familiale avec la noirceur de ces murs déguenillés. J'y vois le presbytère parental, un frère mort, l'école publique, autant de loques et de peaux souffreteuses qui m'éloignent d'une vraie lumière. D'un vrai décor, sans nids d'oiseaux ni sombres tourbières.
Le Borinage est un vieux Venise. Pasteur sans sermon, j'ai sué la même souffrance. Monotonie des jours qui se ressemblent, j'ai façonné le même ennui. Bu le même café. Mangé les mêmes orties. Et si la terre d'ombre, mélange de bitumes mâchure encore les carreaux sales, elle trace aussi avec vigueur les rides et les cernes des mineurs. Une croûte de soleil descend du plafond pour cueillir dans l'instant, cette tendresse qui semble alors les réconforter. Avec cette malédiction de vivre qui scelle leurs lèvres argileuses. Avec ce fer oxydé saignant l'ocre brune de leurs mains noueuses dont la colère disparaît parfois dans des rognures de nuit. Apprenti, pourrai-je demain peindre ces mains tenaces avec le même détail qui sourde une révolte soumise? Théo, ces mains ont faim d'avoir vaincu la terre glaise.Toute cette pudeur réveille tant de regards complices chez ces deux couples qu'elle me remue le cœur. L'intimité secrète qui les unit réchauffe tant de lueurs au fond de leurs prunelles qu'elle ébranle ma propre solitude. Mon propre désarroi. Ma propre déchéance.
Les mains se frôlent, sans heurt. Mais leurs fourchettes, Théo, sont des pioches qui continuent de creuser l'intérieur de ma tête...

(texte Jonavin)

lundi 25 mai 2020

Noilly prat rouge


Je connaissais le Noilly Prat blanc extra dry que l'on trouve facilement dans les rayons en supermarché. (moins onéreux que le xérès fino).
Très demandées par les clientes, surtout en période festive pour déglacer les noix de St Jacques, queues d'écrevisses et autres mets fins.
Tout ça met l'eau à la bouche de voir ces ménagères concocter de bons petits plats pour leurs maris en fin de semaine.
Il aura fallu que j'aille dans le nord de la France pour découvrir cet apéritif. Un goût moins sucré et plus amer que le Martini rosso.
Et puis, quand c'est servi dans de beaux verres à cocktail. Ça enchante tout de suite le palais.
J'aime beaucoup le Noilly Prat rouge.
Je comprends mieux  pourquoi c'est le vermouth français préféré des étrangers.

dimanche 24 mai 2020

Je ne suis plus chez le coiffeur

Depuis ce matin, j'arpente la lande. Cheveux courts,
Même si je devine le printemps léger qui éclate en silence. Je suis sûr que ton ombrelle n'a pas encore quitté le port ni l'expression figée du premier rendez-vous.
Pas la peine de se torturer la frange pour comprendre ça. Tout à l'heure, il y avait les fleurs sauvages, ton parfum brûlant sur la ligne d'horizon
Ces lignes qui s'entrechoquent et celles qui se brisent pour disparaître sur le contour d'une bretagne semblable aux monts d’arrée.
Dois-je encore m'émerveiller comme un sentiment ancien. Là, où les senteurs marines se couchent quand les algues respirent ici la nuit? Pourtant le vol en rase-motte des mouettes dans le ciel nuageux semble m'échapper de nouveau. Comme si le faisceau à l'immunité acquise donne l'impression que les semailles à venir n'existent pas.
Sur l'estran, je n'aurai jamais dû cueillir tes baisers. Au milieu de nulle part, il me reste la semeuse à tout vent, celle que l'on emporte à ciel ouvert. 
Les rêves incultes, par delà les champs, et ta robe à soleil avec la lumière retrouvée des beaux jours. Avant que le givre ne ratisse la campagne.
Je sais que tu ne reviendras pas, parfois dès les premières fontes, j'ai l'impression que je découvre l'humeur des jardins maritimes. Dans cette vague de froid, tu m'attends, grelottante.
Radieuse, tu te penches à peine. Habillée de jaune sous les méduses d'un parapluie ouvert.
Comme l'annonce d'une saison nouvelle où tu fais éclore mon cœur...

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