dimanche 30 avril 2023

Notion casuistique

 Après avoir quitté le pont de Sèvres, je me dirige en direction de Vélizy.

Juste avant d'arriver au rond point de Chartres, c'est ici que j'hésite toujours entre l'autoroute et la nationale.

Finalement, je bifurque à gauche en me garant devant le jardiland du coin histoire de ne pas me planter avec les dates de Toussaint.

Si nous étions en mai, je n'achèterais pas de bruyère mais quelques pensées. Fleurs moins costaud mais fragile au vent. Voilà ce que je me raconte.

J'aime parcourir la province calme avec ses villages typiques en suivant le cours du Loir. Même si je n'ai jamais visité le manoir de la Possonnière, j'imagine toujours que le courant colporte des choses invisibles au pays de Ronsard.

Un jour, j'y suis passé, les grilles étaient fermées, c'est une belle demeure exposée dans un écrin de verdure tout proche de Couture sur Loir.

Bien que je connaisse l'itinéraire par cœur,  j'ai l'impression que le parfum de la rose ne s'est pas évanouie. Je pense souvent à ma destinée amoureuse.

Bon ! C'est vrai, parfois ma vie affective me met en danger. 

Dans ces moments là, j'aime le silence radio, je dirai plutôt prendre un peu de recul parce que dans la psychologie, il faut être habile pour reconquérir une femme qu'on aime par dessus tout. Habile ne veut pas dire meilleur ou machiavélique. Tout simplement habile quand on a une nature angoissée comme moi.

 Eh oui, les relations affectives ne sont pas souvent, celles comme on aimerait suivre le déroulement. Je ne sais pas pourquoi, en ce moment, j'ai tendance à voguer sur une mer mouvante avec pleins de remous.

Et quand on aime une femme, on souhaite la relation saine, apaisée, comme un chaland qui glisse, clapotis, libellule pour la tourbe légère, bleu pour le ciel à contre courant mais dans la vie ça ne se passe pas toujours ainsi. II y a des femmes, peut-être ont elles eu le cœur ravagé, ont elles traversées le cap de bonne espérance? Subies des tempêtes à cause de corsaires vite dépassés, dès le moindre écueil, abandonnaient le navire?

Je les connais ces flibustiers, la fleur aux dents, canon à l'abordage, saveur empyreumatique où fume le regard ténébreux pour mieux cacher une lame pendant le voyage, lacérant peu à peu, les voiles de l'évasion.

En effet, pour suivre une boucanière, sculptée à la proue, il faut être un matelot bien accroché pour s'affranchir des coups de rouleaux, parfois pris dans le vacarme assourdissant de l'océan, visage mouillé dans le déluge, tenant la barre du gouvernail malgré les déferlantes. Et au petit matin, le calme, l'homme se relève, rien ne bouge, et je sais qu'il faut défier l'horizon.

En amour tout dépend de manière casuistique comment on voit les choses.

Qu'est ce qu'on peut faire par amour?

La conscience des choses, dans le domaine affectif, c'est toujours d'être sincère dans la relation même si le retour d'une femme n'est jamais gagnée. Il faut accepter toutes les possibilités...

C'est vrai rien n'est jamais fini, c'est jamais fini.

Pendant que" Shaft d'Isaac Hayes" résonne dans l'habitacle, le paysage me semble beau...






jeudi 27 avril 2023

Pour la Sainte Catherine

 Y avait 10 filles dans un pré.

Il y a dix jeunes filles au jardin de Dieu (et bien plus il y en a !) et nous les appellerons toutes les dix pour danser aujourd'hui la ronde de Sainte Catherine.

Il y a Catherine elle même, avec son manteau rouge doublé de fleurs, sa couronne d'or, sa roue, son livre, qui est plus savante en science de Dieu que tous les savants du monde...

II y a Cécile qui porte encore, toute neuve, sa robe de mariée et la harpe dont elle joue avec les anges ; il y a Lucie, toute couronnée de lumières. Marguerite qui marche sur un dragon, Agnès qui tient un petit agneau...

Il y a, venues de France, quatre pastoures. Les autres pays n'en ont point. Ils se font sauver par des Papes, des moines, des évêques, mais la France est sauvée par ses bergères : Geneviève qui fût vieille un soir, mais qui est redevenue toute jeune avec ses brebis , sa quenouille et le cher petit navire de Paris qu'elle serre sur son cœur : et Jeanne, la plus droite, la plus sage, la plus pieuse enfant de tous les villages de tous les royaumes avec sa sainte épée : et Solange qui fila la laine du Berry : et Germaine que sa marâtre a tant battue, avec son tablier rempli de roses.

Et Thérèse, la petite, la dernière-née qui, elle aussi, porte des roses plein son petit panier.

Et toutes veulent bien danser et chanter avec nous dans le jardin de Dieu, sur la prairie émaillée de pâquerettes, d'anémones, de tulipes, de primevères, de jacinthes, car il fait toujours dans ce jardin le temps du jour de Pâques.

Elles veulent bien nous prendre les mains...Elles sont jeunes, elles sont heureuses, elles sont pures. Nous danserons avec elles "A ma main droite j'ai un rosier." Et nous leur demanderons une graine de leurs roses et nous la planterons pour que fleurissent toujours en France des jeunes filles de Paradis.


(Marie Noël vers 1940)

lundi 17 avril 2023

Les galantes

 Au 19ème siècle, les femmes nées sous une bonne étoile fréquentent les bains de mer Cabourg, Deauville, la Baie de Somme, Le Touquet Paris-plage, Arcachon, Biarritz.

Chaque jour d'été, les rayons de soleil caressent les bow-windows.
La vie balnéaire respire le vent iodé sur la côte normande, bretonne, picarde, d'opale de ci et là.
A partir de 1850 le réseau ferroviaire se développe à grande vitesse.
En 1860, la ville d'Angers n'est déjà plus le terminus.
Dans un village du Morbihan, au lavoir, une paysanne papote sous les airs effarés de visages bronzés, eh oui dimanche dernier, sa cousine Marie à vu ses maîtres manger des cailloux en parlant d'huîtres,
Léonie, sent la peau de lait, blonde aux traits fins, robe corsetée. Chignon bien remonté dans la fraîcheur de ses vingts ans laisse apparaître quelques grains de beauté sur sa poitrine dont les mains gantées en dentelle s'amusent à faire tourner l'ombrelle sur le quai d' Austerlitz, en attendant son amoureux.
Il faut beaucoup de temps pour être élégante,
A Auvers sur Oise, Vincent Van Gogh n'a pas encore peint un champs de blé.
Quelque part en Belgique, une voix est en train de lire un passage de la bible chez des pauvres gens. Sa peinture n'a pas encore la couleur mais son regard révèle l'émotion d'une jeune paysanne aux doigts crochus qui déjà veloute le paysage...


lundi 10 avril 2023

Balade d'été


 A travers le silence chaud

Du vent d'été
Allumant des nuances
Où vibrent les cils
Blés coupés, paille au vent
J’aime
Cette odeur éclatante
Dans la tiédeur d’un juillet
Comme un visiteur 
Sillonne la campagne 
 rêve roulé
Sans rouge-carmin, sans mystère
Seulement 
une tendresse ocre
Quand souffle la vie
Un moulin à vent
Au milieu de l’étendue
La rencontre 
Des images
Un chemin de traverse
où les ailes font tourner
le cœur 
dans la plaine 

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