lundi 8 juin 2020

Jonavin sur un air de Brel

Il n'est pas de matin, il n'est de chagrin que déjà s'éternise, dans la bêtise d'un autre lendemain.
D'une vie terne et grise, il ne reste rien. Pas même la hantise qui n'échappe au destin quand ces deux là se suffisent, en attendant le train. Alors ils tourbillonnent, ils se désarçonnent, ils se désavouent, ils culpabilisent l'amour qu'ils se donnent, l'amour qui se noue, et qui les rançonnent quand ils tombent à genoux.
Mais l'amour est personne quand il n'est un tout. L'amour est moribond quand les gestes sont mous. Il faut que je vous dise monsieur, que chez ce couple là,  on ne s'aventure pas, on s'abandonne.

Ce soir il n'ira pas chez Eugène, il n'ira pas chez Fernande, tans pis pour les nouvelles, tant pis pour les flamandes. Quand la vie est cruelle, il faut bien se détendre. Car rien n'est pire à Bruxelles qu'une pluie de novembre.

Alors ils se tire bouchonnent, ils désillusionnent l'amour sottise, l'amour qui congestionne les voyages à venir, les voyages à Venise où tendre la joue, c'est fendre la bise. Où tendre le cou, c'est déjà mourir. Voulez-vous que je vous dise, gémir n'est pas de mise. Parce que les larmes boutonnent, parce qu'elles déguisent ceux qui les emprisonnent au fond d'une valise. Ceux qui les moissonnent savent encore qu'elles épuisent ce que le coeur raisonne. Ce que les yeux divisent. Et chez ce couple là , monsieur, on ne pleure pas, non, on balbutie...

Ce soir, elle n'ira pas chez Jacky et sa chanson morose, pas chez le vicaire, qui de ses ecchymoses invente la prière et décide de la chose sous sa robe légère. Que si Dieu suppose l'aumône du père, qu'en est-il de sa prose et des sermons d'hier? Qu'en est-il des roses avec Lucifer? L'amour à haute dose, c'est l'amour à l'envers.

Alors elle se Juliettise, il se Roméote dans les mots qu'ils se disent comme deux ados que le feu attise...
Sur le quai du métro, rien ne ridiculise les amants de l'Escault. La foule de badauds, pour ne pas les haïr, soudain les méprise comme deux ombres de trop. Comme deux ombres à fuir. Et je vous jure qu'ils sont beaux, qu'ils jettent à l'azur des milliers de chapeaux, des milliers de bravos tant leur coeur se déchire à monter si haut. Alors, ils se torticolisent, ils dégringolent des "je t'aime" à tout va, des "je t'aime" à tout vendre, ils déconvoitisent  à coup des pourquoi, les choses promises qui souvent ne s'oublient pas. Parce qu'il faut que je vous dise, monsieur, que chez ce couple là, on ne discute pas, on triche...

Il n'est pas de matin, il n'est de chagrin qui déjà s'éternise, dans la bêtise d'un autre lendemain. Une vie soumise est une vie de rien. Où même les crises n'échappent au destin, quand on se gargarise de lieux communs. Alors ils ne se quittent pas, ils ne se quittent plus, ils se Gauguinisent dans un tableau de roi où les îles Marquises accrochent à leurs doigts, des soleils qui favorisent le berceau de leurs bras. Le berceau de leur nuit. Quand on a que l'amour, on n'a que l'envie, les chemins sans détour et les petits profits. Car il faut que je vous dise que chez ce couple là, on ne badine pas, non, on s'aime.

2 commentaires:

  1. Un très beau festival de rimes riches et un bel hommage à Brel
    •.¸¸.•*`*•.¸¸☆

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  2. La prochaine fois ce sera Jean Ferrat et Goerges Moustaki de façon succincte.

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