dimanche 8 novembre 2020

La vie de Château



 Elle était montée in extrémis dans le train.

Encore secoué, 

Heureusement,  il y avait le jardin du Mail pour faire les cents pas avec mes pensées amoureuses.

Pour ceux qui ne le savent pas, l’Alaska est un cocktail qui vient du grand nord.
Un goût fort que j’avais goûté un après-midi. La Chartreuse était belle dès que je l’avais aperçu en jean et tee-shirt blanc. M'apostrophant de son délicieux accent, pour me demander l’horaire du château.
C’était une jeune fille au pair Irlandaise attendant de visiter la tapisserie de l'Apocalypse.
Etudiante en histoire, spécialisée dans l’art roman. Je me souviens encore de la voir assise sur le muret en pierre en train de déplier sa  grande chemise cartonnée aux motifs noirs et verts, rangeant soigneusement des gravures d’eaux fortes de l’Eglise de Cunault.
Pour la première fois, je sentais la chaleur montait dans le bas de mon dos.
Les mains moites, la gorge sèche,.
Dans un élan de générosité,
Je lui proposais la visite guidée des lieux. Elle avait accepté à condition que je la raccompagne à la gare de Saint-Laud pour le TER de Saumur.
Je connaissais un peu les aspects extérieurs du Roi René. Depuis deux semaines, je me gargarisais l’esprit avant de prendre mon service pour tuer le temps.
J'’avais choisi le médiéval,
Dans l’hôtellerie, la notion de service, linguistique, commerciale, technique et relationnelle est importante pour gagner plus en pourboires. J’avais beaucoup de retard par rapport à mes collègues qui maîtrisaient l'art de séduction. Forcément, je manquais d'automatisme, de connaissances, il fallait bien que je rattrape ce laps de temps pour les concurrencer.
Chaque après-midi, depuis les marches dans la galerie, je contemplais les groupes,  l’aisance des interprètes. Peu à peu mon blason imaginaire se dessinait mais j’étais encore loin d’être un guide de haute voltige. A 24 ans, je possédais une carte de demandeur d’emploi. C’était gratis et je profitais de l'aubaine pour me cultiver à l'œil. 
Mes extras à La Salamandre ne débutaient qu'à 18 heures. Pantalon noir, veste blanche, liteau blanc, c'est vrai quand j'y pense, j'entrais dans le monde chevaleresque.
Bien que je connaissais les couleurs de la trame, le jaune, le rouge et le bleu. Les termes de la gaude, de la garance et du pastel utilisés par les vacataires en toile de fond ne me disaient rien et je me demandais comment j’allais m’y prendre avec la belle Shanna pour lui expliquer 103 mètres de long, six thèmes de vingt cinq mètres.
Je me voyais mal relatant les actes d’apôtre de Saint-Jean l’évangéliste. Avec 14 tableaux sur une tapisserie en lisse de 4,5 mètres de haut, le tout conjugué sur des visions prophétiques comme un livre ouvert sur la liturgie céleste de Jésus Christ. Comment lui révéler les nombres 7 et 666 dont je ne maîtrisais ni les occurrences ni la guerre de cent-ans en filigrane médiévale.
Je crois que je m’étais vite embarqué devant les beaux yeux de la celtique.
C’était en juin, par chance les remparts étaient là. Je commençais donc mon chemin de ronde sur la courtine, histoire de lui faire prendre l’air angevin.
Le temps était splendide, je faisais remarquer à Barbarella que les poivrières avaient disparu des tours.
Au XVII siècle, la Bretagne et la Normandie n’étant plus hostiles au roi de France, celui-ci avait ordonné la déconstruction du château. Seules les coiffes avaient été rasées, grâce à un habile gouverneur qui avait désobéi au roi en faisant traîner les travaux.
Maintenant on pouvait admirer l'Anjou à ciel ouvert,
Elle prenait des photos.
Sur la tour nord, on apercevait le vieux pont de pierre de la Maine qui reliait le quartier de la Doutre. Du signe de la main, je montrais l'endroit de l’école nationale des beaux arts, lui expliquant chaque soir, ça regorgeait d'étudiants attablés dans les bars typiques aux maisons à pans de bois dans une ambiance  aux senteurs d’herbes brûlées.
De fil en aiguille, j'apprenais mon nouveau métier de tisserand mais je me demandais si mes petites histoires l’intéressaient.
Je la voyais maintenant qui s’attardait dans le jardin potager, se frottant les doigts avec de la lavande, me faisant signe de venir. Ce dont je ne manquais pas. M’offrant ses mains délicatement pour me les faire sentir comme on le ferait d’un baiser que l’on défroisse. Le cœur battant, je me rapprochais,
La galerie climatisée nous attendait...

2 commentaires:

  1. J'ai aussi eu l'occasion de faire cette balade, mon fils habitant Angers.
    Bises

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  2. j'espère que ton fils t'a fait découvrir les spécialités angevines telles le pâté aux prunes, les quernons d'ardoise,
    Peut être en balade avec sa maman sur la route touristique de la Loire aussi bien la rive droite et gauche entre Angers et Saumur?
    bises

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